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La plus vivante des encyclopédies universelles


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CAMI Pierre-Louis Adrien (20/06/1884-03/11/1958) Actif : 1933-1939

Pierre-Louis Adrien Charles Henry Cami est né à Pau, où son père était « voyageur de commerce ». Au lycée de sa ville natale, il se montre un élève « médiocre ». En français, un bulletin de notes de 1899 le décrit toutefois comme « très bien doué ». Cette même année, il écrit ses premières poésies signées Kami. En 1903, après avoir vaincu les appréhensions paternelles, il s’installe à Paris avec l’intention d’y devenir comédien. Il est alors l’élève de Maurice de Féraudy. Recalé au concours du Conservatoire, il se présente à l’Odéon où il décroche quelques rôles. On le retrouve ensuite au théâtre des Capucines puis au Théâtre mondain. En 1909, après avoir épousé à Asnières Marie-Madeleine Gorris, sans abandonner complètement le théâtre, il opte pour l’écriture et le dessin en fondant Le petit corbillard illustré, qui se définit comme "organe corporatif et humoristique des Pompes funèbres". Le premier numéro de ce bimensuel sort le 15 juillet 1910. A la une, on peut voir un dessin de Cami le représentant, crayon en main, en train de croquer Dranem en ordonnateur des pompes funèbres. Au fil des pages, on peut lire des articles intitulés "Chez le naturaliste", "La chanson des porteurs", "L’enterrement du cul-de-jatte" ou "Les croque-mort embarrassés", ainsi que "Comment diable faire sortir les pieds devant". Le journal sera à l’origine d’un grand concours sur le thème : « Qui sera le plus bel enterrement d’ici le 1er janvier 1911 ? » Avec trois questions subsidiaires : « Qui tiendra les cordons du poêle ? Combien prononcera-t-on de discours ? Qui les prononcera ? ». Le premier prix est « un enterrement de première classe » ! Les lauréats désignés par les lecteurs apprécieront diversement cet honneur, exception faite de Jules Clarétie qui préférera répondre à Cami par l’humour. En fait, c’est Le petit corbillard qui trépassera le premier, en publiant son 7ème et dernier numéro le 1er novembre 1910. Cami reprend alors la plume pour adresser à Paul Reboux et Charles Muller qui tiennent les pages littéraires du Journal, une chronique humoristique hebdomadaire, La vie drôle. Cami, exception faite de la grande guerre, ne quittera plus sa table de travail, sollicité par Le Journal, Le Petit Parisien, Le Merle blanc, L’Excelsior, Paris matinal ou le Dimanche illustré.

Plus surprenante est la proposition que lui fait en 1933 L’Illustration : il s’agit de succéder à Henriot qui depuis 1890 faisait les beaux jours de la Semaine comique. Selon Jean-Noël Marchandiau, elle émanerait de René Baschet en personne. Cami relève le défi et, chaque semaine, à compter du 30 septembre, il va livrer pendant 6 ans sa Semaine camique. Quelques lignes sont consacrées à la présentation du successeur d’Henriot : « Pour succéder à ce maître regretté du crayon et de la plume, nous avons songé, d’abord, à faire appel à plusieurs dessinateurs dont le talent et l’humour justifiaient un si lourd héritage. Un nom est venu sur les lèvres de tous les amis de notre journal, le nom de celui dont la plume et le crayon, témoignant d’un esprit original, sans étrangeté, malicieux sans méchanceté, ont créé des types déjà populaires : Cami. Qui ne connaît, en effet, pour les avoir goûtées, la verve endiablée et la spirituelle ironie de ces romans d’une si étourdissante fantaisie, depuis Les aventures baron de Crac et Le fils des trois mousquetaires, jusqu’aux récentes et goguenardes tribulations de La famille Rikiki. La plupart de ces œuvres sont parsemées d’amusants dessins. Mais, jusqu’à présent, Cami n’avait pas abordé le genre bien particulier du dessin comique avec sa légende (…). Puisse la même sympathie qui le fit désigner par nos amis s’établir entre notre public et lui !». Sans doute aura-t-il fallu quelques semaines aux inconditionnels d’Henriot pour pénétrer dans l’univers « camique ».

Dans ses bandes horizontales, avec leurs 5 images, les lecteurs verront désormais défiler le baron de Crac, Loufock-Holmes, Cyrano de Bergerac et bien d‘autres. La collaboration de Cami s’interrompra avec la déclaration de guerre de 1939. L'heure n'est plus à la plaisanterie. Pendant l’Occupation, Cami retourne à Pau et à l’exception des Nouveaux paysans (1942), il ne publiera rien durant ces quatre années. Il ne reprendra ses activités qu’après la Libération, à la fois comme dessinateur (sa Semaine camique réapparaît pendant quelque temps dans France illustration), ou comme écrivain (des recueils de fantaisie, des romans, des pièces de théâtre). En 1953, la presse italienne lui décerne le grand prix de l’humour international.

Les dernières années de sa vie sont assombries par la maladie qui oblige à l’amputer des deux jambes. Cami est décédé à Paris. A propos de Cami et de ses dessins dans L’Illustration, Max-Pol Fouchet écrit en septembre 1972 : « Du temps de ma jeunesse j’approuvais hautement mon père et ma mère d’être abonnés à L’Illustration, non pour la partie futile de cette publication, qui concernait les événements du monde, mais pour la partie sérieuse : les bandes dessinées de Cami, hautement philosophiques et morales, l’un des grands exemples de la vraie pensée. J’étais camisard. Je le suis. Je le resterai. Cami est un vengeur. Méfiez-vous : ce personnage est dangereux comme un cordon Bickford. Au bout, l’explosion. De rire ".

A consulter : LACLOS, Michel. Cami, éd. Seghers, collection Humour, 1976

CAPLAIN Actif : 1942

Collaborateur occasionnel de L’Illustration, Caplain a illustré de 4 dessins un article de Léandre Vaillat, "Un nouveau ballet à l’Opéra" (11 juillet 1942).

Dates de naissance et de décès non connues.

CARAN D’ACHE (POIRE Emmanuel, dit) (1858-1909) Actif : 1887-1909

Emmanuel Poiré, né à Moscou en 1858, est le descendant d’une famille française installée en Russie depuis 1812. Cette année-là, son grand-père, soldat de l’armée napoléonienne avait choisi d’y rester. Son pseudonyme, Caran d’Ache vient d’ailleurs du mot « karandache » signifiant crayon, en langue russe. Il a mené une triple carrière de peintre, d’affichiste et de caricaturiste. A la fin des années 1870, il s’installe en France, pour y effectuer son service militaire, afin de retouvrer la nationalité de ses ancêtres. Repéré par Edouard Detaille, il s'essaye dès 1885 à la bande dessinée, sur le modèle des dessins de Rodolphe Töpffer, avec une Histoire de Marlborough. À partir de 1886, il publie ses dessins humoristiques dans diverses revues comme Le Chat noir, Le Tout-Paris, La Vie militaire, La Caricature, Le Journal, La chronique parisienne, ou encore Punch et Le Rire.

Sa signature figure dans L’Illustration dès 1887 et on la retrouvera épisodiquement jusqu’à sa mort en 1909. Dans le numéro de Noël 1901, il rédige et illustre "La véritable clef des songes ou l’oracle des rêveurs et des rêveuses pour 1901". Caran d’Ache est d’abord un caricaturiste. Il illustre ainsi par des séries de dessins au trait volontairement sommaire, des textes de Grosclaude, tantôt humoristiques ("L’éléphant d’Afrique : manière de s’en servir", Noël 1898), tantôt très polémiques. Jules Ferry, le général Boulanger ("Les voyages extraordinaires du brav’ général Boulanger", n°2.382), le scandale de Panama, le président Sadi Carnot ou l’affaire Dreyfus sont quelques uns de ses thèmes de prédilection. Son dessin sans doute le plus célèbre est celui publié le 14 février 1898, dans les colonnes du Figaro. Il évoque le climat de « l’affaire » avec des querelles qui éclatent jusque dans les familles ("Surtout, n’en parlons pas…Ils en ont parlé!").

Caran d’Ache qui a déployé ses talents dans nombre de publications a également fondé en 1898 sa propre revue, Ps’itt en collaboration avec le dessinateur, peintre et graveur Jean-Louis Forain (1852-1931). Ps’itt était un hebdomadaire satirique résolument antidreyfusard qui connaîtra 51 livraisons avant de disparaître. Selon Jean-François Bory (Victor Hugo, dessins), « Sans l’excès de Forain, sans psychologie à la Daumier, sans l’affectation d’un Willette, sans la banalité facile de Léandre, Caran d‘Ache est un ironiste savoureux qui a su personnaliser son dessin, au point d’acquérir sa propre manière ».

Souffrant de neurasthénie et gravement malade du cœur, Caran d’Ache est décédé le 25 février 1909, à Paris. Dans l’hommage qu’il lui rend dans les colonnes de L’Illustration (6 mars 1909), Gustave Babin écrit à propos de son art : « Des dessins d’un accent personnel unique, simples, synthétiques comme de belles images japonaises, expressifs comme elles et résumant en quelques traits des gestes, des sentiments, des types, des races ; parlants, enfin au point qu’ils se passaient, la plupart du temps du concours de légendes, et qu’un bref titre, une ligne, un mot, suffisait à en indiquer le thème, permettait de suivre en tous ses détails l’histoire que contait le spirituel crayon ». Le même chroniqueur rappelle ensuite les dernières années de la vie du dessinateur : « Depuis trois années, la maladie avait annihilé le malheureux dessinateur. La neurasthénie, compliquée d’une grave et incurable affection du cœur. Il ne pouvait plus, absolument plus dessiner. Ses dernières créations furent ces bonshommes, ces animaux de bois découpés, si drôlets, si falots, d’un style si empoignant en leur sobriété de silhouette. Pauvre Caran d’Ache, si charmeur, si tendre et, peut être, au fond, derrière cette attitude flegmatique qu’il se donnait, de si crâne apparence avec sa belle moustache cavalièrement redressée ».
Caricature de Caran d'Ache sur la censure de la presse au 19e siècle
Caricature de Caran d'Ache sur la censure de la presse au 19e siècle

CARRE Léon (23/06/1878-02/12/1942) Actif : 1935

Peintre orientaliste, Léon Georges Jean Baptiste Carré est né à Granville. Après avoir été l’élève de Mathurin Méheut, à Rennes, puis de Léon Bonnat et de Luc Olivier Merson, à Paris, il décroche le prix Chenavard. Dès 1900, il expose au Salon des artistes français puis au Salon des Indépendants. On le retrouve au Salon de la Société nationale des Beaux Arts ainsi qu’au Salon d’Automne. En 1905, il effectue un premier voyage en Algérie et il obtient la bourse de la Villa Abd-El-Tif en 1909. Il se fixe alors définitivement à Alger. Il pratique aussi bien l’huile que la gouache ou le pastel.

La Compagnie générale transatlantique fait appel à lui pour décorer le paquebot Ile-de-France. Il réalise des décorations murales pour le Palais d’été et pour l’hôtel de ville d’Alger. Il est aussi un affichiste réputé. C’est lui qui réalise, notamment, l’affiche du centenaire de l’Algérie en 1930. En 1935, L’Illustration à laquelle il collabore occasionnellement, fait appel à ses talents pour son numéro de Noël. Il donne des compositions destinées à illustrer le conte de Paul Wenz L’homme qui resta debout. Léon Carré est décédé à Alger.

CHAM (DE NOË Charles-Amédée, dit) (26/01/1818-1879) Actif : 1843-1879

Caricature sur la loterie, 1849
Caricature sur la loterie, 1849
Charles-Amédée de Noë, fils du comte Louis de Noë, Grand du royaume et pair de France, est né à Paris. Doué pour les sciences mathématiques, il prépare le concours de l’école polytechnique et songe à Saint-Cyr, mais il échoue à l’oral. Malgré les dénégations paternelles, son inclination pour le dessin le pousse à fréquenter les ateliers de peinture tenus par Nicolas Charlet et Paul Delaroche. C’est dans ce dernier atelier que sera aussi formé Auguste Marc, un des futurs directeurs de L’Illustration, avec lequel Cham se lie d’amitié. Charlet et Delaroche l’encouragent à poursuivre dans le dessin et plus particulièrement dans la caricature. Ses premières publications, alors qu’il a à peine vingt ans, lui valent un certain renom, notamment les albums publiés par Philippon.

Compte tenu de ses origines familiales, il se pare du pseudonyme de Cham (les premières lettres de ses deux prénoms, Charles et Amédée). Son album Monsieur Lajaunisse (1839) lui ouvre en 1842 les portes du journal Le Charivari. Il y donne la pleine mesure de ses talents, entre un dessin qui rappelle celui de Daumier et le côté spirituel de ses légendes. C’est d’ailleurs avec Daumier qu’il alterne la première page du Charivari. C’est ce qui fera dire à Théodore de Banville que les deux hommes se disputent le titre de « Michel Ange de la caricature ». D’autres verront en lui « l’Offenbach de la caricature ». Il admire les ouvrages du Suisse Rodolphe Töpffer, considéré comme « le père de la bande dessinée ».

De 1839 à 1845, il publie une dizaine d’albums aux titres évocateurs : Monsieur Mélasse (1839), Histoire de Monsieur Jobard (1840), Deux vieilles filles vaccinées à marier (1840) ou encore Histoire de Monsieur Vertpré et de sa ménagère (1840), Monsieur Barnabé Gogo (1841) et Histoire du prince Colibri et de la Fée Caperdulaboula (1842). Dès 1843, il collabore aux tout premiers numéros de L’Illustration. On retrouvera son nom dans l’hebdomadaire jusqu’à sa mort en 1879 et ses suites de dessins, mettant en scène les petits événements de la rue et leurs acteurs annoncent la Semaine comique qu’Henriot portera au pinacle. Chaque semaine, il livre une impressionnante série de dessins dans lesquels le rédacteur en chef opère le choix de ce qui sera publié.

Le Charivari, le Journal amusant ou Le petit journal pour rire hébergent également ses productions. Cham publie par ailleurs des récits de voyages, comme Voyage autour du monde par Monsieur Cham et son parapluie (1852) et des albums de caricatures (Proudhon en voyage et Histoire comique de l’Assemblée nationale). Il participe aussi à l’écriture de pièces de théâtre avec Clairville et le polémiste Henri Rochefort (Une martingale, vaudeville, 1862), avec le musicien Léo Delibès (Le serpent à plume, opéra-bouffe, 1864).

Cham est décédé à Paris, en 1879 suite à une phtisie. Ses obsèques eurent lieu le 8 septembre 1879, en l’église Sainte-Marie des Batignolles.
Caricature sur le chemin de fer centrifuge, 1846
Caricature sur le chemin de fer centrifuge, 1846

CHAPERON Eugène (07/02/1857-27/12/1938) Actif : 1887

La dépêche, un des moyens de communication sous l'empire, oeuvre de Chaperon, 1897.
La dépêche, un des moyens de communication sous l'empire, oeuvre de Chaperon, 1897.
Eugène Chaperon, né à Paris, a suivi les cours des Beaux Arts de Paris, avec Pils et Detaille pour mentors. Dès 1878, il expose ses premières toiles au Salon des Artistes français, dont il restera un habitué jusqu’à son décès. L’artiste qui a illustré des albums militaires et qui a travaillé au service du ministère de la guerre, au début des années 1920, a collaboré à plusieurs revues illustrées, telles que Le Monde illustré, La vie moderne et L’Illustration. Dans le numéro du 20 août 1887, on trouve une de ses compositions, sur double page, gravée par Thiriat, intitulée « La douche au régiment ». Il a également illustré des textes de Victor Hugo et de Paul Déroulède, notamment Les chants du soldat en 1908.
Eugène Chaperon est décédé à Paris.

CHASSARD Marcel Actif : 1942

Le dessinateur Marcel Chassard a illustré par deux dessins un article de Roger Baschet, publié le 28 février 1942, "Quand les parisiennes ont froid"! Dans le numéro du 28 mars, il rehausse de six dessins un article du même auteur sur les "Nouveaux dandys".

Dates de naissance et de décès non connues.

CHEFFER Henry Lucien (30/12/1880-03/05/1957) Actif : 1910-1935

Henry Lucien Cheffer, né à Paris, est un peintre et graveur surtout connu pour avoir réalisé plusieurs timbres pour l’administration des Postes et des billets pour la Banque de France. Elève de Léon Bonnat à l’Ecole des Beaux-Arts, il a remporté le Prix de Rome en 1906, ce qui lui vaut de séjourner à la Villa Médicis. Devenu sociétaire du Salon des artistes français, il a participé à plusieurs de ses expositions, lui réservant l’exclusivité de sa production.
Dès 1911, il grave son premier timbre poste et il travaille aussi bien pour la France que pour la Belgique, le Luxembourg, le Danemark ou l’Espagne. De même, des banques étrangères lui confient la réalisation de plusieurs de leurs billets (l’Algérie, les Pays-Bas, les Indes néerlandaises).

Tout en illustrant des livres, il a collaboré durant un quart de siècle à L’Illustration. Entre 1914 et 1918, abandonnant provisoirement les paysages et les pêcheurs bretons, « il marquera un intérêt prononcé pour l’évocation de l’artillerie lourde et de la guerre aérienne ». Revenu à la gravure des timbres, Henry Lucien Cheffer a réalisé un Aristide Briand en 1933, vingt et un ans avant de proposer un projet de Marianne pour le réalisation d’un timbre courant. Non retenue à l’époque, la Marianne de Cheffer sera finalement choisie en 1967, dix ans après la mort de l’artiste.

CLAIR-GUYOT Ernest (1860-1938) Actif : 1883-1938

Né en 1860, Ernest Clair-Guyot effectue sans doute l’une des plus longues carrières rue Saint-Georges, en tant que reporter - dessinateur puis photographe. Dès 1873, il participe à une exposition de toiles au Palais des Beaux-Arts. Entré à l’école des Beaux Arts, où il décroche le prix d’anatomie, il a pour maître Galand. Curieusement, il met d'abord ses talents au service de la faïencerie, à Gien. Ce n’est qu’à la fin de 1883, qu’il fait son entrée à L’Illustration, recruté par Auguste Marc.

Dans le numéro spécial consacré à l’inauguration de l’imprimerie de Bobigny, publié en juillet 1933, il raconte ses souvenirs, « Un demi-siècle à L’Illustration », à la demande de Louis Baschet. Pendant des mois, il fait le siège de l’hebdomadaire, comme tant d’autres dessinateurs, Auguste Marc lui laissant entendre « qu’il ne pourrait obtenir, tout de suite, une collaboration régulière ». A la différence de beaucoup de candidats, il ne se découragera pas : « J’avais la foi » écrit-il. Clair-Guyot met à profit cette attente de plusieurs mois pour observer le travail des graveurs qui règnent alors en maître sur l’image et pour apprendre à dessiner sur bois. Un de ses tout premiers dessins est publié dans L’Illustration du 14 juin 1884. D’après un croquis de Champol, il représente le défilé du cortège devant la statue du général Dufour qui venait d’être inaugurée à Genève. Désormais, il a sa part à la réalisation des gravures sur bois, le travail étant souvent divisé pour la réalisation de grandes images. Pourtant le destin le fait sortir de l’atelier de gravure pour en faire un reporter dessinateur puis photographe.

En juillet 1884, L’Illustration le dépêche à Toulon, où une épidémie de choléra vient de se déclarer. Nanti de ses cartons et de ses crayons, il est promu « envoyé spécial de L’Illustration ». Il se montre toutefois lucide : « J’avais la vocation du journalisme. J’étais fier d’être promu envoyé spécial, bien que je me rendisse compte que je ne devais pas tant cette aubaine à mes seuls mérites, qu’au peu d’entrain manifesté par mes collègues à l’offre de séjour, au milieu d’une population de cholériques ». Ses dessins paraissent dans l’hebdomadaire le 12 juillet 1884. Ernest Clair-Guyot est alors définitivement engagé et il inaugure une longue série de reportages, qui vont s’égrener pendant un demi-siècle : « Je pus, l’un des premiers, créer cette profession de reporter – dessinateur – photographe qui n’existait pas à cette époque ». Au retour de chacun de ses reportages, il soumet ses croquis, notes, et photographie à Lucien Marc qui succède à son père en juin 1886, à la direction de L’Illustration.

Il doit ensuite faire la tournée des graveurs et des dessinateurs auxquels on confie une part du travail à réaliser : « De même que l’on divisait le travail aux graveurs, de même on répartissait entre plusieurs dessinateurs le résultat d’un reportage. Malgré l’habileté de chacun, c’était déjà un tour de force d’exécuter sur bois le dessin d’une page, ou même d’une demi page dans l’espace d’une journée, et c’était en moyenne le temps dont on pouvait disposer. On attribuait donc au plus habiles une double page ou une page, à un autre dont le travail était moins rapide, une demi page ». C’est alors la grande époque des Henriot, De Haenen ou Emile Bayard.

Au fil du temps, le croquis, seul source d’inspiration, pour la réalisation d’un dessin et de sa gravure, laisse la place à la photographie. Le reporter peut troquer ses crayons contre la plaque sensible. Lucien Marc, qui a bien compris l’intérêt de la photographie, fait aménager pour Ernest Clair-Guyot, qui a expérimenté la photographie dans sa jeunesse, deux pièces sous les combles de l’Hôtel de la rue Saint-Georges : l’une sert de cabinet noir pour le développement et l’autre de salle de projection. A chaque retour de reportage, il peut ainsi développer ses vues et agrandir celles qui peuvent trouver place dans les colonnes de L’Illustration.

Pour faire face à des reportages de plus en plus fréquents et faciliter ses déplacements, il est gratifié par Lucien Marc d’un appareil spécial, « dernier cri des perfectionnements les plus récents ». La panoplie se composait « d’une chambre 18X24 en acajou, de 6 châssis doubles de même grandeur, d’un voile noir, d’une trousse de trois objectifs des meilleures marques, d’un solide pied en bois, le tout enfermé dans une résistante mallette, recouverte de toile à voile, aux angles garnis de cuivre ». En y ajoutant la douzaine de plaques de verre, on atteignait les 20 kg. Heureusement pour lui, l’attirail va s’alléger progressivement, avec l’invention de l’obturateur et de la photographie instantanée, puis du viseur. En 1891, lors des manœuvres militaires de l’est qu’il suit pour L’Illustration, il peut utiliser un tout nouvel appareil, baptisé Le Reporter.

C’est à Ernest Clair-Guyot que l’on doit aussi le procédé de retouche photographique. Au lieu de reproduire sur le bois la photographie qui sert de document, il a l’idée de se servir de l’épreuve même, en la retouchant directement. Dans ses souvenirs, il écrit : « Cela faisait bénéficier mon dessin de toute la précision du cliché et mon travail terminé, on le photographiait sur le bois sensibilisé pour le graveur. Résultat : grande économie de temps, puisque au lieu de copier entièrement la photographie sur le bois, on ne faisait que l’améliorer et la terminer ». La première image publiée selon ce procédé est celle d’une garde-barrière, dans le numéro du 25 juillet 1891. D’abord réservé aux clichés de bonne qualité, la retouche devait être ensuite étendue à toutes les photos, bonnes ou moins bonnes. Dès lors, la photographie relégue le dessinateur à un rôle plus anonyme.

Clair-Guyot se spécialise ensuite dans le procédé de retouche, devenant un des maîtres dans cet art. En lui rendant hommage, peu après sa disparition en février 1938, L'Illustration (n° 4955) rappelle qu’il fut « à l’époque l’initiateur et le maître de la retouche d’art ». Et d’ajouter en ultime hommage : « Depuis un demi-siècle, Ernest Clair-Guyot a donné à notre rédaction artistique l’effort le plus souple, le plus heureux, le plus intelligent, adapté à une revue d’information et donc en constante évolution ». Hormis L’Illustration, il collabore aussi comme illustrateur au Petit Parisien et à l’Echo de Paris.

A consulter : Ernest Clair-Guyot : Un demi siècle à l’Illustration (L’Illustration, n°4713 – « Bobigny » -1er juillet 1933) et notice nécrologique publié dans L’Illustration (n°4955 – 19 février 1938).
La garde barrière, première photographie retouchée, 1891
La garde barrière, première photographie retouchée, 1891

CONTEL Jean-Charles (1895-1928) Actif : 1921

Jean-Charles Contel (Leconte pour l’état civil) est né près de Lisieux en mai 1895. Il présente ses premières oeuvres au Salon des indépendants et au Salon d’Automne. Ses thèmes de prédilection sont la représentation des vieux logis et quartiers aux ruelles étroites des villes de sa Normandie natale. Il collabore à L’Illustration pour le numéro du 8 Octobre 1921 (3 aquarelles sur le vieil Angers : La rue Saint-Nicaise, Ancien hôtel de la Boule d’or et Les anciens quartiers d’Angers : Vieille cour…) et pour celui du 24 décembre 1921 (L’église Saint-Ouen, vue au dessus des arbres et des toits, Saint-Nicaise, Rouen sous la neige). Dans cette livraison, un article évoque « un excellent artiste normand qui sait puissamment exprimer, avec autant d’âme que de vérité, le pittoresque des vieilles rues médiévales de la cité normande ». On mentionne aussi sa vision des vieux quartiers et des rues de Paris, avec notamment ses lithographies réunies dans Pages du vieux Paris, préfacé par Mac-Orlan. Il s’est aussi intéressé aux visages de la campagne normande. Ses autres lithographies ont illustré une dizaine d’ouvrages publiés entre 1917 et 1928 dont les titres en disent long sur son attachement au patrimoine (Avant la pioche, Celles qui s’en vont, Dans la poussière des vieux murs…). Quelques-uns de ses dessins ornent également les pages de la revue Les Annales. Jean-Charles Contel est décédé le 4 septembre 1928, à Lisieux, au terme d’une carrière très courte. Il avait alors seulement 33 ans.

COURNAULT Etienne (1891-1948) Actif : 1922

Artiste-peintre et graveur en taille douce, Etienne Cournault est né le 15 mars 1891 à Malzéville, près de Nancy. Formé à l’école des Beaux Arts de Nancy, il fréquente la Jeune gravure contemporaine et il est un adepte du cubisme. Il se spécialise dans la peinture sur verre, dans la décoration et la gravure Arts déco. Dans les années 1920, il crée le concept des miroirs peints. En collaboration avec Jean Després, il réalise des dessins de bijoux. Ses œuvres sont exposées dans des galeries parisiennes, à la fin des années 1920, ainsi qu’à New York. En 1930, il s’installe dans la maison de style mauresque que son grand père, le peintre Charles Cournault, avait fait bâtir à La Douëra. Etienne Cournault, dont plusieurs œuvres ont été publiées par L’Illustration pendant la première guerre mondiale et au début des années 1920, est décédé à Nancy le 24 mai 1948.

COUSSENS Armand (04/12/1881-1935) Actif : 1928

Armand Coussens, né à Saint-Ambroix (Gard) fait partie des collaborateurs occasionnels de L’Illustration. Peintre, formé à l’école d’Alexis Lahaye, à Nîmes, il a ensuite enseigné le dessin dans cette même ville, à laquelle il a d’ailleurs consacré un album publié en 1922, Six eaux-fortes sur Nîmes. Spécialiste de l’eau-forte, il est également l’auteur une série de gravures sur les grands écrivains, poètes et littérateurs français, à la charnière des XIXe et XXe siècles. Dans le numéro de Noël 1928, il a illustré l’article "Figures de nomades". Armand Coussens n’en a pas pour autant dédaigné la presse satirique puis sa signature figure aussi dans Le Rire ou dans l’Assiette au beurre.

Il est décédé en février 1935, à Nîmes. Peu après sa disparition, une biographie publiée par les éditions Horizons de France lui a été consacrée : Armand Coussens, peintre – graveur.

CRAFTY (pseudonyme de Victor GERUZEZ) Actif : 1891

Dessinateur et auteur de textes, Victor Geruzez, qui signe Crafty, est né à Paris. Après être passé par les cours du peintre Gleyre et s’être fait connaître au Salon de 1877, il collabore à différents journaux auxquels il donne des caricatures et dessins (La vie parisienne, le Journal pour rire). Il dessine aussi pour Graphic, et occasionnellement pour L’Illustration. Dans le numéro de Noël 1891, il illustre un article consacré à "La bourse : sensations d’un intrus". Il a aussi illustré divers albums.

Crafty est décédé en 1906, à Saint-Martin-de-Nicelles.

Jean Paul Perrin