864ac6eda9bb1d7aa19fa0c6b0fa54ef.txt

La plus vivante des encyclopédies universelles


Les numéros spéciaux

Les numéros spéciaux peuvent se classer en trois grandes catégories : les numéros spéciaux à périodicité régulière, les numéros spéciaux correspondant à un événement précis et ponctuel, les numéros spéciaux qualifiés souvent de hors série. Passons en revue chacune de ces catégories.


Les numéros spéciaux à périodicité régulière

A l’origine, ils étaient inclus dans le prix de l’abonnement mais, à compter de 1932, la revue a pris soin de différencier les abonnements « ordinaires » avec 49 fascicules et les abonnements incluant 3 numéros spéciaux :

LE SALON DE PEINTURE

Ces numéros sont publiés dès le 3 mai 1884. Chacun donne une rétrospective du Salon des artistes, au moment de son ouverture. Dès 1887, L’Illustration est capable de proposer à ses lecteurs 48 pages spécialement consacrées au salon, une double page hors-texte gravée sur bois et 90 reproductions des œuvres exposées, dont 12 en pleine page, le tout sous une couverture en trois couleurs. Quant à l’actualité proprement dite, elle est reléguée en fin de fascicules, avec à peine 4 à 8 pages. Quelquefois même, elle est totalement absente. Entre 1884 et 1903, la couverture reste immuable : elle représente sur un fond vert la déesse Athéna, debout sur un socle où s’inscrit l’année du salon. A partir de 1904, la couverture s’orne de la reproduction en couleur d’un tableau exposé. Une habitude que L’Illustration conservera jusqu’à sa disparition. Entre temps, en 1932, le numéro du salon de peinture aura été rebaptisé Numéro de Printemps. Enfin, pour cause de guerre, il n’y aura pas de Salon pour les années 1915 à 1918 inclus mais la publication sera maintenue, certaines années, pendant la Seconde guerre mondiale (le dernier Salon est celui du 13 mai 1944 portant le n° 5278-5279).

Sous la direction de René Baschet (1904 à 1944), les numéros du Salon seront supervisés et rédigés sous l’autorité de son frère cadet, Jacques Baschet et on n’oubliera pas d’y insérer les tableaux de Marcel Baschet, peintre et grand spécialiste des portraits officiels, en même temps que frère de René Baschet. C’est évidemment la peinture « académique », de bon goût correspondant à ce que le lectorat attend qui est mise en avant et il ne faudra pas s’étonner de ne guère y trouver les peintres « d’avant garde ».


LES NUMEROS DE NOËL

Leur toute première mouture date du 4 décembre 1886, après un premier essai réalisé en 1882. Ils sont sans doute les plus connus des spéciaux, les plus recherchés en même temps que ceux qui exigeaient le plus moyens pour leur réalisation. Dans les premières années (1886-1889), on se limite à la couverture en quadrichromie et à 4 planches en couleur. Mais peu à peu, la publication va s’étoffer (une trentaine de pages jusqu’en 1908) puis une quarantaine, voire une cinquantaine avant la guerre de 1914. La fabrication d’un tel numéro et son expédition sont largement déficitaires mais cette prime permet de fidéliser les abonnés, d’en gagner de nouveaux et de drainer de nouvelles publicités.

Contes illustrés, poèmes, romans, voisinent avec des reproductions en couleur, souvent en hors-texte contrecollés, avec bordures argentées ou dorées. Il n’est donc pas étonnant que ces fascicules soient souvent incomplets pour cause de prélèvement de telle ou telle reproduction à des fins d’encadrement. Il faut donc être très vigilant sur ce point lors de l’achat, ces numéros atteignant évidemment des prix beaucoup plus élevés. Là encore, comme pour les salons de peinture, le classicisme domine, même si avec la vague des Arts déco, L'illustration s’ouvre à de nouveaux artistes dans les années 1920. Il n’y a pas de numéros de Noël en 1914 mais de 1915 à 1918, L’Illustration renoue avec la tradition, quoique dans une version parfois allégée. La série s’achève avec celui de Noël 1941. Elle se poursuivra avec France Illustration, de 1946 à 1955. On trouvera sur ce site un répertoire, avec sommaires détaillés, des numéros de Noël de L’Illustration et de France Illustration.

LES NUMEROS DE L’AUTOMOBILE ET DE L’AVIATION

Même si L’Illustration a toujours consacré à l’automobile de nombreuses pages de textes (les articles techniques très fouillés de Baudry de Saunier) et de publicité, le premier spécial automobile est publié le 8 octobre 1921 et il en sera ainsi jusqu’au dernier, le 8 octobre 1938. La date de parution est calée sur celle du Salon de l’automobile. Progressivement, le titre devient L’automobile et le tourisme, dans les années 1930. Profusion de publicités, pages couleur, hors-texte, articles techniques, présentation des nouveautés…Enfin, on peut mentionner, dans les numéros spéciaux récurrents, celui du Salon de l’aviation devenu « numéro de l’aéronautique » Entre 1924 et 1938, on comptera 8 numéros avec les célèbres compositions de Géo Ham qui sont très prisées des amateurs. Sur ce site, on pourra se reporter aux deux répertoires, avec les sommaires détaillés, des numéros de L’Illustration et de France Illustration consacrés au Salon de l’automobile et à l’aviation.

Les numéros commémoratifs, événementiels et thématiques

LES COMMEMORATIFS

Il s’agit de marquer en général un grand anniversaire et ils sont relativement nombreux dans les décennies 1920 et 1930. On peut en citer quelques-uns, sans exhaustivité : Le centenaire de la mort de Napoléon en 1821… Le tricentenaire des Antilles française en 1935…Le 150ème anniversaire de la révolution française en 1939…Le XXè anniversaire de l’armistice en 1938…Le lancement du paquebot Normandie en 1935…

LES EVENEMENTIELS

Ces numéros sont liés à un événement ponctuel. Ce peut être un numéro consacré à une personnalité disparue : Clémenceau (1929), Foch (1929), Joffre (1931), Poincaré (1934)…, Lyautey (1934)…La mort du pape Pie XI en 1939…L’élection de son successeur Pie XII …L’exposition coloniale (1931)…La nouvelle imprimerie de Bobigny (1933)…La mort du roi Georges V et l’avènement d’Edouard VIII (1936)…L’exposition universelle de Paris (1837)…Le couronnement de Georges VI en 1937…La visite du souverain britannique en France…Celle d’Albert Lebrun à Londres en retour (1939)…L’assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie en octobre 1934…La mort tragique de la reine Astrid de Belgique (1935), une an après celui consacré à La disparition du roi Albert Ier et à l’avènement de Léopold III (1934)…L’exposition internationale de Bruxelles (1935)…L’exposition universelle de Paris (1937)…L’empire français dans la guerre (publié le 10 mai 1940)… Ils peuvent quelquefois faire l’objet de deux tirages différents : l’un, ordinaire, avec les publicités, à destination des lecteurs et abonnés habituels. L’autre, à destination du public intéressé par le thème du numéro, sans publicité, quelquefois avec des pages additionnelles et portant la mention du n° suivi de bis.

LES THEMATIQUES

Ces numéros n’obéissent à aucune règle particulière si ce n’est de traiter un sujet précis comme ceux consacrés au Palais de la SDN, à la construction, à l’agriculture, à Paris ou encore à l’Alsace…sans qu’il y ait un lien précis avec l’actualité. L’intérêt pour l’éditeur étant alors de drainer un volume de publicité important.

Les numéros hors-série

Il s’agit le plus souvent de la reprise d’un numéro ordinaire paru ou de différents articles extraits de plusieurs numéros et regroupés. Ces hors-série, destinés à la vente aux non abonnés se présentaient dans la plupart des cas sans la publicité. Par exemple pour le spécial dédié à l’inauguration de l’imprimerie de Bobigny (1933), on trouve la version normale, copieuse avec ses nombreuses publicités, et la version hors-série qui ne fait que reprendre les articles, en y ajoutant quelques pages inédites sur la journée inaugurale. Il arrive aussi que l’on procède à un tirage spécial en compilant des pages extraites de différents numéros. C’est le cas notamment pour l’exposition coloniale de 1931 et pour l’exposition universelle de 1937. Ce type de numéro était également vendu hors abonnement.

Arrêtons là l’énumération. Le collectionneur qui s’aventurera sur ce territoire des seuls numéros spéciaux ne manquera pas d’être surpris par leur variété, leur nombre et leur qualité graphique, souvent imitée mais rarement égalée.

Un dernier mot. Là encore, quitte à se répéter, il ne faut surtout pas hésiter à bien vérifier l’intégrité de chaque numéro, les spéciaux étant les plus mutilés. Quant aux prix, c’est forcément plus cher qu’un numéro ordinaire. Pour un numéro de Noël complet, « propre » des années 1930, on aura du mal à en trouver à moins de quelques dizaines d’euros, encore que les prix aient singulièrement baissé depuis quelque temps. Le numéro sur le paquebot Normandie peut se vendre 40 ou 50 euros. Celui consacré à Bobigny est en revanche beaucoup plus accessible, compte tenu de son tirage.

Jean Paul Perrin