L'Illustration sous l'Occupation : opposition et contraintes.
Jean Sébastien Baschet
L'Illustration, fleuron de la presse française pendant plus d'un siècle, a traversé l'une des périodes les plus sombres de l'histoire de France : l'Occupation allemande (1940-1944). Durant ces années, le magazine a continué de paraître, ce qui lui a valu, après la Libération, des accusations de collaboration (au même titre que l’ensemble de la presse française d’avant-guerre qui avait maintenu son activité durant l’occupation).
Les faits historiques, de nombreux documents et des témoignages précis, attestent pourtant que L'Illustration en tant que société d’édition, mais aussi que ses dirigeants et propriétaires (la famille Baschet), furent contraints d'agir sous la pression de l'occupant allemand. Ces éléments démontrent également, qu’ils furent victimes à la libération, d'une véritable entreprise de spoliation motivée par la conquête du pouvoir de certains partis politiques mais aussi par l’instrumentalisation de la libération, par certaines personnalités de l’époque, à des fins d’enrichissement personnel.
Le Contexte d'Occupation et de Contraintes
En juin 1940, face à l'avancée allemande, la direction de L'Illustration (menée par René et Louis Baschet) replie une partie de ses activités à Clermont-Ferrand. Quelques jours après avoir pris le contrôle de la capitale, les Allemands débarquent dans les locaux du journal rue Saint Georges à Paris et dans son imprimerie (qui est alors la plus grande imprimerie au monde) à Bobigny. La société d’édition et l’imprimerie ultra moderne, actif industriel majeur, sont placés sous séquestre allemand.
Dans le chaos de la période, l’inquiétude des milliers de salariés, restés à Paris, est immense. C’est dans ce contexte que le syndicat de la presse négocie avec les autorités allemandes les conditions de la poursuite de l’activité des médias français.
Comme le raconte Jacques de Lesdain dans ses mémoires, les autorités allemandes, désireuses de contrôler ce prestigieux magazine qu’est L’Illustration, mettent alors spécifiquement la pression à ses dirigeants pour leur retour à Paris et pour l’arrêt des publications qu’ils conduisent depuis Clermont-Ferrand.
C'est dans ce contexte que Jacques de Lesdain, déjà connu pour sa germanophilie, réapparait. Ce dernier avait essayé en vain, à plusieurs reprises d’intégrer la rédaction de L’Illustration. Il s’était toujours confronté au refus catégorique des Baschet. En pleine débâcle, Jacques de Lesdain réapparait donc et demande alors à René et Louis Baschet de revenir à Paris, arguant de la nécessité de sauver l'outil de production et de venir en aide aux salariés et à leurs familles. Mais Jacques de Lesdain intervient aussi surtout par intérêt personnel : "Les Allemands ont consenti à la reparution de L’Illustration à condition que je fusse le directeur politique". Les Baschet ne sont pas dupes et refusent à nouveau d’être associé à ce personnage sulfureux. Mais les autorités allemandes sont inflexibles sur l’intégration de Jacques de Lesdain au sein de la rédaction. La demande initiale des allemands de nommer Jacques de Lesdain « Directeur politique » est refusée par les Baschet, qui réussissent à négocier le titre moindre de "rédacteur politique".
C’est donc sous la contrainte et sans autre choix, qu’un rédacteur collaborationniste est imposé au journal. Pour la première fois de son histoire, après 97 ans de publication avec une ligne éditoriale constante de neutralité et d’indépendance, L’Illustration a un rédacteur politique : Jacques de Lesdain.
Dans le chaos de la période, l’inquiétude des milliers de salariés, restés à Paris, est immense. C’est dans ce contexte que le syndicat de la presse négocie avec les autorités allemandes les conditions de la poursuite de l’activité des médias français.
Comme le raconte Jacques de Lesdain dans ses mémoires, les autorités allemandes, désireuses de contrôler ce prestigieux magazine qu’est L’Illustration, mettent alors spécifiquement la pression à ses dirigeants pour leur retour à Paris et pour l’arrêt des publications qu’ils conduisent depuis Clermont-Ferrand.
C'est dans ce contexte que Jacques de Lesdain, déjà connu pour sa germanophilie, réapparait. Ce dernier avait essayé en vain, à plusieurs reprises d’intégrer la rédaction de L’Illustration. Il s’était toujours confronté au refus catégorique des Baschet. En pleine débâcle, Jacques de Lesdain réapparait donc et demande alors à René et Louis Baschet de revenir à Paris, arguant de la nécessité de sauver l'outil de production et de venir en aide aux salariés et à leurs familles. Mais Jacques de Lesdain intervient aussi surtout par intérêt personnel : "Les Allemands ont consenti à la reparution de L’Illustration à condition que je fusse le directeur politique". Les Baschet ne sont pas dupes et refusent à nouveau d’être associé à ce personnage sulfureux. Mais les autorités allemandes sont inflexibles sur l’intégration de Jacques de Lesdain au sein de la rédaction. La demande initiale des allemands de nommer Jacques de Lesdain « Directeur politique » est refusée par les Baschet, qui réussissent à négocier le titre moindre de "rédacteur politique".
C’est donc sous la contrainte et sans autre choix, qu’un rédacteur collaborationniste est imposé au journal. Pour la première fois de son histoire, après 97 ans de publication avec une ligne éditoriale constante de neutralité et d’indépendance, L’Illustration a un rédacteur politique : Jacques de Lesdain.
Une Collaboration Forcée, Pas Adhérée
Loin d'accepter passivement cette situation, les Baschet entrèrent rapidement en conflit avec Jacques de Lesdain. Les mémoires de ce dernier détaillent une opposition constante et plusieurs "escarmouches sérieuses". René et Louis Baschet s'opposent personnellement à la publication d'articles pro-collaboration. Les Baschet vont également tenter de remanier les articles de Jacques de Lesdain, provoquant régulièrement la fureur de ce dernier. A défaut, sans autre option, les Baschet vont également tenter de s'en distancier par des notes éditoriales à destination des lecteurs : « M. Jacques de Lesdain exprime comme chaque semaine, dans ces pages, ses idées personnelles dont il endosse la responsabilité entière » ou encore en faisant imprimer sa prose sur un papier différent du reste du journal (René Baschet publiera une note à l’attention de ses lecteurs, indiquant qu’ainsi ils peuvent librement détacher cette partie du reste du journal).
La correspondance de Jacques de Lesdain avec les autorités allemandes est également sans ambiguïté : « Les événements se sont précipités, ce matin, à L’Illustration. A la suite du refus grossier de Louis Baschet de mon article, « Merci, Monsieur le Maréchal », j’ai dû quitter ce journal où je ne suis plus rien. Cet article était pourtant une des meilleures choses que j’ai écrites. Mais les Baschet ne veulent pas que l’on touche aux juifs et je donnais un exemple extraordinaire de la manière dont les juifs ont volé les Allemands et les Français à la fois, lors de l’exécution du traité de Versailles. Cet exemple provenait des dossiers du professeur Grimm et était saisissant ». Et d’en appeler, de nouveau, à Otto Abetz pour lui « donner aussi vite que possible les moyens de rétablir la situation ».
Un salarié du journal, Jean Laudat, raconte l’ambiance qu’il règne au sein de la rédaction en novembre 1940 : « à 14 h 00, M. Faillet faisait savoir dans le bureau des rédacteurs qui étaient présents (Chenevier, de Beauplan et moi-même) que M. Louis Baschet avait été convoqué à la censure où on lui avait notifié un ultimatum qui expirait le même jour à 17 h 00. S’il n’en acceptait pas les conditions, L’Illustration changerait de direction. D’ailleurs l’ambassade d’Allemagne avait mis trente millions à la disposition de M. de Lesdain. M. Faillet déclarait qu’il était chargé par M. de Lesdain de faire une enquête pour savoir s’il n’y avait pas de juifs ou de francs-maçons parmi les membres du conseil d’administration pour forcer la main aux Baschet et leur faire céder leurs actions. A 17h00, Félicien Faillet rentre dans le bureau de la rédaction et annonce à Robert de Beauplan, à Chenevier et à moi-même que l’heure d’expiration de l’ultimatum est arrivée, que puisque les Baschet n’ont pas répondu, ils doivent être considérés comme chassés de la maison ».
René et Louis Baschet, ce jour-là, comme d’autres, vont tenir tête à leur rédacteur politique en ne se conformant pas à l’ultimatum des autorités allemandes. Mais ils échoueront à obtenir son départ.
La correspondance de Jacques de Lesdain avec les autorités allemandes est également sans ambiguïté : « Les événements se sont précipités, ce matin, à L’Illustration. A la suite du refus grossier de Louis Baschet de mon article, « Merci, Monsieur le Maréchal », j’ai dû quitter ce journal où je ne suis plus rien. Cet article était pourtant une des meilleures choses que j’ai écrites. Mais les Baschet ne veulent pas que l’on touche aux juifs et je donnais un exemple extraordinaire de la manière dont les juifs ont volé les Allemands et les Français à la fois, lors de l’exécution du traité de Versailles. Cet exemple provenait des dossiers du professeur Grimm et était saisissant ». Et d’en appeler, de nouveau, à Otto Abetz pour lui « donner aussi vite que possible les moyens de rétablir la situation ».
Un salarié du journal, Jean Laudat, raconte l’ambiance qu’il règne au sein de la rédaction en novembre 1940 : « à 14 h 00, M. Faillet faisait savoir dans le bureau des rédacteurs qui étaient présents (Chenevier, de Beauplan et moi-même) que M. Louis Baschet avait été convoqué à la censure où on lui avait notifié un ultimatum qui expirait le même jour à 17 h 00. S’il n’en acceptait pas les conditions, L’Illustration changerait de direction. D’ailleurs l’ambassade d’Allemagne avait mis trente millions à la disposition de M. de Lesdain. M. Faillet déclarait qu’il était chargé par M. de Lesdain de faire une enquête pour savoir s’il n’y avait pas de juifs ou de francs-maçons parmi les membres du conseil d’administration pour forcer la main aux Baschet et leur faire céder leurs actions. A 17h00, Félicien Faillet rentre dans le bureau de la rédaction et annonce à Robert de Beauplan, à Chenevier et à moi-même que l’heure d’expiration de l’ultimatum est arrivée, que puisque les Baschet n’ont pas répondu, ils doivent être considérés comme chassés de la maison ».
René et Louis Baschet, ce jour-là, comme d’autres, vont tenir tête à leur rédacteur politique en ne se conformant pas à l’ultimatum des autorités allemandes. Mais ils échoueront à obtenir son départ.
Le Refus de l'Antisémitisme
Cet épisode et d’autres témoignent de la ligne morale des Baschet et de leur refus de l’antisémitisme et du collaborationnisme. Le refus catégorique de publier un article de Lesdain intitulé "Merci, Monsieur le Maréchal" est motivé selon les propres mots de Lesdain dans sa plainte à Otto Abetz, par ces termes "les Baschet ne veulent pas que l’on touche aux juifs". Cet acte de résistance directe à la propagande antisémite, dans un contexte de danger extrême, démontre clairement que les propriétaires de L'Illustration ne partageaient pas l'idéologie nazie ou collaborationniste. Comment aurait-il pu en être autrement ? Les Baschet n’avaient-ils pas démontré à de nombreuses reprises leur engagement exceptionnel au service de la nation française ?
La Pression Allemande et les Tentatives de Distanciation
La marge de manœuvre des Baschet était infime dans la France occupée. Des notes des archives allemandes qualifient les Baschet d'opposants et évoquent des mesures de rétorsion ou des mesures sévères à prendre contre eux. Dans un courrier de 1941, René Baschet évoque, « le préjudice moral et matériel que cause au magazine la collaboration de Jacques de Lesdain ».. Conscients du danger (Jacques de Lesdain : « Non seulement les Baschet ont défendu de me communiquer les articles politiques qui sont présentés à L’Illustration, mais ils ont convoqué Madame Sorbets, femme du rédacteur en chef (que les Baschet voulaient maintenir en territoire non occupé), cherchant à intimider cette dame en lui faisant croire que l’attitude des Allemands à leur égard était telle qu’ils risquaient leurs têtes à Paris ! ») et du décalage entre la ligne imposée par Lesdain et l'esprit traditionnel du journal, les Baschet tentèrent de préserver autant que possible L’Illustration.
Il leur a été reproché de ne pas avoir sabordé le journal : ce qui dans les faits était impossible. Les Allemands étant prêt comme nous l’avons vu précédemment à prendre le relais pour assurer la continuité de la parution de L’Illustration. De plus, l’absence des Baschet aurait laissé les coudées franches à Jacques de Lesdain et ses comparses, dans leur entreprise de propagande et de collaboration. Dans l'ultime numéro (12-19 août 1944), le nom de Lesdain fut retiré de la page de titre. Tout ces actes montrent une volonté constante, bien que limitée par les circonstances, de ne pas cautionner la propagande de l'occupant.
Il leur a été reproché de ne pas avoir sabordé le journal : ce qui dans les faits était impossible. Les Allemands étant prêt comme nous l’avons vu précédemment à prendre le relais pour assurer la continuité de la parution de L’Illustration. De plus, l’absence des Baschet aurait laissé les coudées franches à Jacques de Lesdain et ses comparses, dans leur entreprise de propagande et de collaboration. Dans l'ultime numéro (12-19 août 1944), le nom de Lesdain fut retiré de la page de titre. Tout ces actes montrent une volonté constante, bien que limitée par les circonstances, de ne pas cautionner la propagande de l'occupant.
La Spoliation d'Après-Guerre :
La Libération n'apporta pas la justice espérée pour L'Illustration. Bien au contraire, elle marqua le début d'une nouvelle épreuve : la spoliation, orchestrée dans un climat politique trouble et par le biais d'une législation d'exception hautement discutable. Comme le détaille l'ouvrage "Histoire de la Spoliation de la Presse Française", le but n'était souvent pas de séparer les coupables des innocents, mais de "confondre tous sous le même opprobre" pour justifier une vaste opération politique. Les nouvelles forces politiques (le "Tripartisme") voyaient dans la presse un enjeu de pouvoir majeur et organisèrent une "course (...) à qui s'emparerait par la force du plus grand nombre possible de journaux".
Dans ce contexte, une information judiciaire fut ouverte contre René et Louis Baschet en décembre 1944. Reconnaissant leur absence de culpabilité individuelle, la justice prononça un non-lieu le 22 juillet 1948. Cependant, cette décision cruciale fut rendue vaine par les manœuvres juridiques et politiques de l'époque.
Car, parallèlement, et c'est là que réside l'injustice fondamentale dénoncée par l’historien Claude Hisard, la Société de L'Illustration fut poursuivie en tant que "personne morale". Cette notion de responsabilité pénale des entreprises de presse fut une innovation juridique introduite par l'ordonnance du 5 mai 1945, qualifiée par Edouard Herriot de "monstrueuse" et de retour au Moyen-Âge. Elle permettait de condamner les biens (le journal, l'imprimerie) même lorsque les dirigeants étaient innocentés. L'objectif était clair : assurer la dépossession, justifier le "vol".
Ainsi, malgré les réquisitions du Commissaire du Gouvernement demandant l'acquittement de L’Illustration, mais surtout suite à une intervention illégale et mensongère, de dernière minute d'Albert Bayet (figure clé de la "presse issue de la libération") auprès des jurés, la Société fut condamnée à la dissolution et à la confiscation d'un dixième de son patrimoine en décembre 1949. Les biens furent dévolus à la S.N.E.P. (Société Nationale des Entreprises de Presse), organisme créé par la loi du 11 mai 1946 et dirigé par Pierre Bloch, dont la gestion fut par la suite largement critiquée pour son opacité et ses déficits. Cette condamnation de l'entreprise, en dépit de l'innocence reconnue de ses dirigeants, illustre parfaitement le mécanisme de spoliation dénoncé dans les travaux de l’historien Claude Hisard, où la justice fut instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
La mesure de grâce présidentielle du 18 juin 1954, constitua une reconnaissance implicite – mais tardive – de l'injustice subie par L'Illustration, prise comme tant d'autres dans l'engrenage de cette spoliation d'après-guerre.
Dans ce contexte, une information judiciaire fut ouverte contre René et Louis Baschet en décembre 1944. Reconnaissant leur absence de culpabilité individuelle, la justice prononça un non-lieu le 22 juillet 1948. Cependant, cette décision cruciale fut rendue vaine par les manœuvres juridiques et politiques de l'époque.
Car, parallèlement, et c'est là que réside l'injustice fondamentale dénoncée par l’historien Claude Hisard, la Société de L'Illustration fut poursuivie en tant que "personne morale". Cette notion de responsabilité pénale des entreprises de presse fut une innovation juridique introduite par l'ordonnance du 5 mai 1945, qualifiée par Edouard Herriot de "monstrueuse" et de retour au Moyen-Âge. Elle permettait de condamner les biens (le journal, l'imprimerie) même lorsque les dirigeants étaient innocentés. L'objectif était clair : assurer la dépossession, justifier le "vol".
Ainsi, malgré les réquisitions du Commissaire du Gouvernement demandant l'acquittement de L’Illustration, mais surtout suite à une intervention illégale et mensongère, de dernière minute d'Albert Bayet (figure clé de la "presse issue de la libération") auprès des jurés, la Société fut condamnée à la dissolution et à la confiscation d'un dixième de son patrimoine en décembre 1949. Les biens furent dévolus à la S.N.E.P. (Société Nationale des Entreprises de Presse), organisme créé par la loi du 11 mai 1946 et dirigé par Pierre Bloch, dont la gestion fut par la suite largement critiquée pour son opacité et ses déficits. Cette condamnation de l'entreprise, en dépit de l'innocence reconnue de ses dirigeants, illustre parfaitement le mécanisme de spoliation dénoncé dans les travaux de l’historien Claude Hisard, où la justice fut instrumentalisée à des fins politiques et économiques.
La mesure de grâce présidentielle du 18 juin 1954, constitua une reconnaissance implicite – mais tardive – de l'injustice subie par L'Illustration, prise comme tant d'autres dans l'engrenage de cette spoliation d'après-guerre.
Conclusion :
L'Illustration et la famille Baschet ne furent pas des collaborateurs, mais des victimes des circonstances de l'Occupation et, plus encore, de la spoliation politique et juridique qui s'ensuivit.
Durant l'Occupation, ils furent contraints de publier sous la férule d'un agent de propagande nazi imposé, Jacques Bouly de Lesdain, tout en tentant de résister à ses exigences les plus extrêmes, notamment en refusant de propager l'antisémitisme (« les Baschet ne veulent pas que l’on touche aux juifs »). L’opposition des Baschet fut même relevée par les autorités allemandes et l’objet de notes par les services allemands.
Après la guerre, leur innocence personnelle fut reconnue par la justice française. Cependant, ils furent victimes, comme l'ensemble de la presse d'avant-guerre, d'un système mis en place pour assurer le transfert de propriété des médias vers les nouvelles forces politiques. Les lois d'exception (responsabilité des personnes morales, lois rétroactives, décrets de transfert arbitraires) furent des outils pour légaliser ce que Edouard Herriot nomma "l'expropriation pour cause d'utilité privée", ajoutant : "Cette expropriation-là, c'est le vol !".
Cette spoliation, comme le démontre l’historien Hisard, visait moins à punir une hypothétique collaboration qu'à permettre l'enrichissement de certains (l'exemple des actions d'Ouest-France) et surtout à assurer le contrôle politique de la presse par les partis issus de la Libération. L'Illustration, par son prestige et ses actifs, était une cible de choix dans cette vaste opération de redistribution forcée.
Affirmer que L'Illustration fut "collabo" revient donc à ignorer les contraintes écrasantes de l'Occupation mais aussi :
- la résistance attestée de ses dirigeants contre l'antisémitisme et les nazis (impression de tracts pour la résistance) et leur reconnaissance d'innocence par la justice.
- le contexte global d'une spoliation politique organisée qui a démantelé la presse française d'avant-guerre au profit d'intérêts partisans.
C'est ainsi que la France a perdu l'un de ses plus grands ambassadeurs dans le monde et un vecteur d'influence important.
Durant l'Occupation, ils furent contraints de publier sous la férule d'un agent de propagande nazi imposé, Jacques Bouly de Lesdain, tout en tentant de résister à ses exigences les plus extrêmes, notamment en refusant de propager l'antisémitisme (« les Baschet ne veulent pas que l’on touche aux juifs »). L’opposition des Baschet fut même relevée par les autorités allemandes et l’objet de notes par les services allemands.
Après la guerre, leur innocence personnelle fut reconnue par la justice française. Cependant, ils furent victimes, comme l'ensemble de la presse d'avant-guerre, d'un système mis en place pour assurer le transfert de propriété des médias vers les nouvelles forces politiques. Les lois d'exception (responsabilité des personnes morales, lois rétroactives, décrets de transfert arbitraires) furent des outils pour légaliser ce que Edouard Herriot nomma "l'expropriation pour cause d'utilité privée", ajoutant : "Cette expropriation-là, c'est le vol !".
Cette spoliation, comme le démontre l’historien Hisard, visait moins à punir une hypothétique collaboration qu'à permettre l'enrichissement de certains (l'exemple des actions d'Ouest-France) et surtout à assurer le contrôle politique de la presse par les partis issus de la Libération. L'Illustration, par son prestige et ses actifs, était une cible de choix dans cette vaste opération de redistribution forcée.
Affirmer que L'Illustration fut "collabo" revient donc à ignorer les contraintes écrasantes de l'Occupation mais aussi :
- la résistance attestée de ses dirigeants contre l'antisémitisme et les nazis (impression de tracts pour la résistance) et leur reconnaissance d'innocence par la justice.
- le contexte global d'une spoliation politique organisée qui a démantelé la presse française d'avant-guerre au profit d'intérêts partisans.
C'est ainsi que la France a perdu l'un de ses plus grands ambassadeurs dans le monde et un vecteur d'influence important.