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La plus vivante des encyclopédies universelles


B


BAILLE Hervé (1896-1974)

Hervé Baille, né à Sète, a révélé précocement son goût pour le dessin en menant de front ses études au lycée et sa collaboration à divers titres comme Le Rire ou Pêle-mêle. Avant la guerre de 1914-1918, il présente déjà ses œuvres au Salon des humoristes. Sa toute première expérience de la presse est le Tord Boyau qu’il a lui-même fondé. Grand voyageur et peintre officiel de la marine, il a rapporté de ses diverses pérégrinations des éléments qui l’ont inspiré, que ce soit pour la réalisation d’affiches commandée par Air France ou pour les premières bandes dessinées publiées chaque jour dans L‘intransigeant, à l’aube de la décennie 1930. Entre 1920 et 1965, il a contribué à L’Illustration et illustre de très nombreux ouvrages de Victor Hugo, de Colette, de Léon Daudet, de Curnonsky, de Paul Guth ou de Georges Poisson. Il a multiplié les collaborations dans la presse, avec une présence épisodique dans les pages de L’Illustration. Sa signature apparaît, en outre dans une trentaine de titres des plus variés : L’Ami du peuple, Aux écoutes, L’Echo de Paris, Excelsior, Paris Midi, Le Journal, le Petit Journal ou, dans un registre moins sérieux, Le rire, Fantasio, Gens qui rient et L’Humoristique. Il a également travaillé pour Plaisir de France, le magazine dirigé par Olivier Quéant et publié par Le Renouveau français, une filiale de L’Illustration.

BAILLY Louis (1875-1958) Actif: 1925-1931

Né à Paris, Louis Bailly est un peintre et dessinateur qui a d’abord été formé par Paul Laurens et Benjamin Constant, comme de nombreux autres collaborateurs de L’Illustration. Il illustre de nombreux albums pour les grands éditeurs de l’époque, comme Mame, Delagrave ou Hachette, Gauthier-Languereau, Fayard. Il collabore à L’Illustration dans les années 1920-1930 et donne de nombreux dessins pour illustrer des contes ou des nouvelles. En même temps, il travaille pour The Graphic, de Londres et il participe à l’école ABC, dont il devient directeur d’enseignement en même temps que rédacteur en chef de la revue maison, ABC Magazine. Louis Bailly, dont on retrouve les créations au Salon des humoristes entre 1920 et 1944, s’est aussi mis au service de ses pairs en fondant la Fédération des artistes mobilisés, section des illustrateurs. Il a été par ailleurs un collaborateur du Figaro Illustré, du Rire, de La Caricature, de La baïonnette et de nombreux autres titres.

Il est décédé le 22 janvier 1958 à Paris.

BASCHET Marcel (05/08/1862-1941) Artiste peintre, Membre de l’Institut. Actif : 1905-1941

Né à Gagny, il est le second fils de Ludovic Baschet. Bien qu’il n’ait pas travaillé directement à L’Illustration, l’hebdomadaire lui a largement ouvert ses colonnes, à l’occasion des Salons de peinture, dès lors que son frère, René Baschet, dirige le magazine illustré. La toute première mention de Marcel Baschet dans les colonnes de L’Illustration remonte toutefois au 20 octobre 1883. Outre la reproduction de son "Œdipe maudit son fils Polynice", figure un article de Jules Comte, critique artistique, particulièrement laudateur à l’égard du peintre et de son talent. Entre 1910 et 1943, on trouve de nombreuses reproductions de ses œuvres, souvent en hors texte : les maréchaux et généraux de la Grande guerre, les hommes politiques de la IIIe République, les académiciens, les personnalités de l’époque ou des membres de la famille Baschet.

Sociétaire de l’Académie Julian dès 1879, il a rejoint l’Ecole nationale supérieure des Beaux Arts, avec pour maître Gustave Boulanger. En 1883, son tableau Œdipe maudit son fils Polynice lui vaut le Grand prix de Rome avec, à la clé, un séjour à la Villa Médicis. De retour en France, il se spécialise dans l’art du portrait. Claude Debussy, Henri Brisson, ou encore Alexandre Millerand, Gaston Doumergue, Raymond Poincaré ou le Maréchal Pétain constituent quelques-uns de ses modèles. Les maréchaux Foch, Lyautey, Fayolle et d’autres ont aussi posé pour lui. Commandeur de la Légion d’honneur, il avait fait son entrée à l’Académie des Beaux arts le 17 mai 1913, succédant au peintre Edouard Detaille. Dans son n° du 24 mai 1913, L’Illustration, par la plume de Gustave Babin, consacre un long article, sur trois colonnes à cette réception, saluant « la juste consécration d’un effort loyal, énergique et persévérant entre tous ». En conclusion, il est qualifié de « grand portraitiste, l’un de ceux qui donneront de nous aux générations futures la meilleure idée que nous puissions souhaiter de leur laisser, car jamais son pinceau sincère n’a consenti à nous montrer aussi frivoles, évaporés et fous que voudraient bien le faire croire tant d’autres de nos contemporains, artistes ou écrivains. Soyons-lui en reconnaissant ».

De son mariage avec Jeanne Guillemeteau, le 3 janvier 1888, il avait eu deux enfants dont Paul Baschet (1888-1966) qui fit carrière dans l’industrie papetière, à la tête des papeteries Prioux-Glatron-Baschet et Cie et des Papeteries de Navarre. Marcel Baschet est décédé le 28 décembre 1941. L’Illustration (n° 5.156-5.157 du3-10 janvier 1942) lui a rendu hommage, sous la plume de Louis Hourticq, dans un article illustré par un pastel, autoportrait de Marcel Baschet. Après avoir rappelé à grand trait son œuvre et salué « sa simplicité », « sa bienveillance naturelle », « son désintéressement et sa franchise », « ce naturel parfait qui faisait la distinction de ce peintre, homme du monde », il concluait ainsi : « Si l’on se rappelle le passé, il n’est pas difficile d’imaginer la place que l’avenir réserve à notre am (…). La galerie de Marcel Baschet conserve à l’histoire une image sincère de la France de son temps, celle de l’intelligence et des affaires, la grande bourgeoisie, la haute politique et aussi les chefs qui lui ont donné l’orgueil de la victoire (…).Ceux qui ont aimé Marcel Baschet pour sa gentillesse et qui l’ont admiré pour son talent peuvent en toute sûreté chercher une consolation dans la certitude que son œuvre lui survivra ». Son frère, Jacques Baschet, directeur des services artistiques de L’Illustration et critique d’art, lui a consacré une biographie (Marcel Baschet, sa vie, son œuvre) publiée en 1942, dans une luxueuse édition, avec la liste complète de ses tableaux, dont beaucoup sont reproduits en hors-texte.

BAUDE Charles (1853-1935) Graveur. Actif: vers 1880-1900

Galerie du magasin Au Bon Marché, gravure de Baude, 1880
Galerie du magasin Au Bon Marché, gravure de Baude, 1880
Charles Baude a fait partie de l’équipe de L’Illustration, à la grande époque de l’atelier de gravure sur bois. Il était plus particulièrement en charge de la reproduction des chefs d’œuvres des maîtres anciens et modernes, de Rembrandt à Bastien-Lepage ou Dagnan-Bouveret. Il a ensuite poursuivi sa carrière au Monde Illustré. En lui rendant hommage, L’Illustration (30 novembre 1935) salue toute une corporation disparue, victime du progrès des moyens d’impression : « Ce n’est pas sans tristesse que l’on voit disparaître un à un tous ceux qui, jadis, ont collaboré au succès de notre journal. Il y eut parmi eux de grands artistes, dont les noms étaient bien connus du public : l’équipe des graveurs, entre autres, à laquelle chaque semaine une revue illustrée devait faire appel mais que l’invention de la photographie décima au début du siècle, comprenait de nombreux hommes de talent ». Charles Baude, qui était membre de la Société des artistes français, est décédé en novembre 1935.

BAUDIN Georges (26/06/1882- vers 1960) Actif : 1927

Né à Paris, Georges Baudin est à la fois peintre, illustrateur, graveur et décorateur. Il a exposé au Salon d’automne en 1913, ainsi qu’au Salon des artistes décorateurs. Il est l’auteur de la couverture du numéro de Noël 1927, avec des signes astrologiques s’inscrivant dans une bordure ovale. Georges Baudin qui a illustré des livres de Pierre Loti (Journal intime) ou de Voltaire (Le blanc et le noir) a publié Le livre bleu. Il est décédé dans les années 1960, à Paris.
Couverture du numéro de Noël 1927 par Baudin
Couverture du numéro de Noël 1927 par Baudin

BAYARD Emile (02/11/1837-1891) Actif: 1871-1891

A la fois peintre, graveur et illustrateur, Emile Bayard est né à la Ferté-sous-Jouarre : « Issu de parents bourguignons, conçu à Naples, je naquis à la Ferté-sous-Jouarre », se plaisait-il à dire pour expliquer ses origines. Après avoir été l’élève de Léon Cogniet, il s’oriente d’abord vers la caricature et donne, dès l’âge de 15 ans ses premiers dessins à divers journaux, parmi lesquels Le Petit Journal de Rouen et le Journal pour rire de Philippon, dans lequel il peut côtoyer Gustave Doré. Il signe parfois ses dessins Abel de Miray, l’anagramme de son nom. Bayard sert aussi de « nègre », ainsi que l’a conté son fils : « Le jeune artiste, écrit-il, travaillait déjà, depuis quelque temps chez une peintre de moutons très renommé dont il faisait les dessins », ce dernier se contentant de les signer avant que la libraririe Hachette ne les insère dans ses volumes. Pendant la guerre de 1870 et le siège de Paris, il fait partie de la Garde nationale, ce qui lui vaut de se retrouver sous les ordres de Victor Duruy, promu commandant, qui avait été son professeur d’histoire au Lycée saint-Louis.

En 1871, sa signature apparaît dans L’Illustration dont il deviendra un des plus importants dessinateurs, jusqu’à sa mort. Actualité et vie quotidienne sont les deux thèmes récurrents de son œuvre. Bayard a également travaillé avec l’éditeur Hetzel pour Le Journal des voyages, le Tour du monde, ainsi que pour le Journal de la jeunesse et le Journal pour rire. Dans le Tour du monde, si l’on en croit son fils, «[ce sont des sauvages, des éléphants, des forêts vierges que son crayon dessine, tout cela sans presque d’autres documents que sa mémoire visuelle, avec cette grande intuition qu’il avait des milieux à évoquer ». Il fut un spécialiste de l’illustration de romans, en s’attaquant, dès 1882, à celle de Numa Roumestan d’Alphonse Daudet. D’autres devaient suivre, notamment pour la "Bibliothèque Rose" lancée par Hachette.

Pour Lucien Marc, directeur de L’Illustration, qui lui rendit hommage lors de la cérémonie funèbre en l’église Saint-Germain-des-prés, « En revoyant ces vignettes, si pleines de vie, on songe à ces aimables estampes du siècle dernier, aux Debucourt, aux Moreau-le-Jeune, dont Bayard paraissait avoir retrouvé la tradition. Il le croyait et prouvait que la vérité n’est pas forcément la vulgarité (…). Il avait aussi la bonne humeur du talent, sûr de lui-même, et ce travailleur infatigable était la gaieté même ». L’artiste semble avoir su habilement combiner ses travaux de peintre et d’illustrateurs : « Parfois, rapporte Lucien Marc, il fallait interrompre le tableau commencé pour dessiner à la hâte une « actualité » destinée à paraître quelques heures après et dont on lui apportait les matériaux. Alors, il déposait sa palette, reprenait son crayon et c’était un spectacle merveilleux que de voir naître sous ses doigts agiles l’image vivante de la scène, dont les photographies ou les croquis ne lui donnaient que l’ébauche informe ». Parmi les pages marquantes, il cite "Les funérailles de Victor Hugo", "L’assassinat de Watrin" ou encore "L’Affaire Schnoebelé".

Emile Bayard a illustré plusieurs romans, dont ceux de Georges Ohnet, que L’Illustration insérait régulièrement dans ses pages. En tant que peintre, on lui doit diverses toiles comme Waterloo (1878) et des panneaux décoratifs, dont ceux du foyer du théâtre du Palais Royal. Ils représentent les acteurs qui avaient joué ou qui jouaient alors sur la prestigieuse scène, dans leurs principales créations. Comme nombre de ses pairs, Emile Bayard avait acquis une certaine réputation en présentant aux salons de peinture des tableaux tels que Une affaire d’honneur, Le passeur ou La bande joyeuse. Il est décédé au Caire, le 10 décembre 1891. Il était alors l’hôte de Rostovitz-Bey, afin de soigner une maladie de coeur dont il souffrait depuis 1889.

Son fils et homonyme, Emile Bayard (1868-1937) a mené une carrière de peintre et d’écrivain d’art prolifique, avec une soixantaine de titres publiés. Il a collaboré au Monde illustré. Il est l’auteur de L’illustration et les illustrateurs, ouvrage publié en 1897 par la librairie Flammarion, dans lequel il évoque quelques grands dessinateurs, à commencer par son propre père : « Emile Bayard, écrit-il, fut un très fécond producteur. Son œuvre est immense surtout quand on réfléchit à la brièveté de sa carrière. Nous avons connu des personnes qui le croyaient mort bien avant qu’il ne le fût, sous le prétexte, un peu égoïste, qu’il avait amusé leur jeunesse ».
Théâtre parisien en 1890, illustration d' E. Bayard pour le roman
Théâtre parisien en 1890, illustration d' E. Bayard pour le roman

BELLECROIX E. Actif : 1885

Dans L’Illustration du 10 janvier 1885, on relève la signature de Bellecroix, au bas d’un dessin gravé par F. Meaulle sur "Les drames de la forêt : le braconnage".

BELLENGER Albert (1846-1919) Actif: 1881-1910

Extraction de sarcophages à Deir-el-Bahari, gravure de Bellenger, 1891
Extraction de sarcophages à Deir-el-Bahari, gravure de Bellenger, 1891
Albert Bellenger est né à Pont-Audemer. Le nom d’Albert Bellenger apparaît souvent au bas des dessins reproduits dans L’Illustration, à partir de 1881. Spécialiste de la gravure sur bois, formé chez Pannemaker, il est sociétaire de la Société des artistes français et il expose ses œuvres à Londres entre 1875 et 1881. Jusqu’en 1885, la gravure est le seul procédé utilisé et elle ne disparaîtra vraiment qu’après 1900. En tant que chef d’une équipe de graveurs, Bellenger réalise les ajustements entre les différents blocs de buis qui ont été confiés à plusieurs graveurs pour hâter la gravure. C’est donc lui qui appose sa signature. Après la disparition de ce procédé, Bellenger reste à L’Illustration où il est chargé du classement des dessins et de leur conservation dans les archives de l’hebdomadaire. On retrouve aussi sa signature dans Le Monde Illustré, un concurrent de L’Illustration.

BERINGS Louis (1888-1966) Actif : 1925 et après 1945

Dessinateur belge, né à Anvers, Louis Berings est arrivé à Paris peu avant la grande guerre. Après une première embauche comme retoucheur-correcteur au sein du quotidien Le Matin, il dévoile ses talents de caricaturiste, en s’exerçant notamment sur le personnage de l’empereur d’Allemagne Guillaume II. Dès lors, on le retrouve dans un nombre important de publications, telles que Les écoutes, Le Figaro illustré, ou Je sais tout. L’Illustration fait quelquefois appel à lui, notamment au cours des années 1920. Dans le numéro du 1er août 1925, il prolonge par un série de dessins un article de Robert de Beauplan, "Des banquettes de l’autocar : à la découverte de Paris". Dans celui du 22 août 1925, il illustre de 5 dessins un article de Maurice Prax, "Plaisirs, jeux et Grand prix de Normandie". Après guerre, il donnera des dessins à France Illustration, ainsi qu’à France Soir, à Libération, au Journal du dimanche ou à Ici Paris.

Louis Berings, qui usait parfois du pseudonyme de Lode, est décédé en 1966, à Paris.

BERTALL (Charles-Albert d’ARNOUX, dit) (18/12/1820-1882) Actif: 1844-1880

Dessin humoristique de Bertall : Bertall à la recherche de la meilleure des républiques, 1891
Dessin humoristique de Bertall : Bertall à la recherche de la meilleure des républiques, 1891
Né à Paris, Charles-Albert d’Arnoux est le fils d’un ancien commissaire des guerres. Il semble alors destiné à l’Ecole Polytechnique, selon la volonté paternelle, mais il ne tarde pas à se montrer récalcitrant, abandonnant les sciences pour les arts. Il entre alors dans l’atelier Drolling pour y étudier la peinture qu’il délaisse au bout de quelques années pour se concentrer sur la caricature notamment politique. Il opte pour le pseudonyme de Bertall (anagramme d’Albert), sur les conseils de Balzac, dont il est un des illustrateurs des oeuvres. Dans le Courrier de Paris qui évoque sa disparition (n°2.040, 1er avril 1882), le chroniqueur de L’Illustration écrit : «L’illustration lui a dû bien des fois des revues du mois qui étaient de vrais chefs d’œuvre de satire amusante. Il n’y avait jamais de méchanceté dans le coup de crayon de Bertall. C’était gai, ce pouvait être vif mais la morsure n’avait point de venin. Même dans ses caricatures politiques, il raillait, et avec esprit, mais il ne déchirait pas ». Le même ajoute : « Bertall, du reste, était plutôt un moraliste au crayon qu’un caricaturiste proprement dit. Ses charges n’étaient pas ressemblantes mais ses types étaient d’une vérité et d’une originalité toutes particulières. Il excellait à crayonner les vieux beaux, les profils de financiers, les bourgeois en goguette (…). Petit, fin, riant volontiers mais peu bruyant, peut-être timide, Bertall avait le mot très juste et très fin ». Une de ses oeuvres les plus célèbres est la « coupe d’une maison parisienne, le 1er janvier 1845 », avec ses 5 étages résumant la société parisienne et ses inégalités. Extraite du Diable à Paris, les lecteurs de L’Illustration ont pu la découvrir dans le numéro du 11 janvier 1845.

Avec le Second empire, face à un pouvoir sourcilleux, il délaisse la caricature politique pour se rabattre sur la dénonciation des petits travers de la société bourgeoise. En avril 1871, il fonde Le Grelot, journal satirique dans lequel il s’en prend vivement à la Commune de Paris, inaugurant son combat contre les partis de gauche, les grèves, dénonçant les troubles engendrés et qui pourraient mener à la désorganisation sociale. Il se trouve donc alors parfaitement en accord avec l’esprit de L’Illustration, de son lectorat et de sa direction. Jusqu’en 1880, il donne au journal de nombreux dessins publiés parfois en pleine page.

En même temps, il a participé à l’illustration de plusieurs ouvrages, dont il est aussi parfois l’auteur du texte. De même il a été « un critique d’art très compétent et très judicieux », selon L’Illustration du 8 avril 1882. Il a ainsi donné chaque année une Revue du Salon dans le Paris-Journal. Bertall est un « artiste prolixe, (qui) a donné par milliers des dessins humoristiques, d’actualité (et) des revues du mois », selon Béraldi (Les graveurs du XIXème siècle). Dans L’illustration et les illustrateurs (1897), Emile Bayard le définit comme « caricaturiste, illustrateur et littérateur (qui) tantôt gouaille malicieusement (…), tantôt égaye par une pétillante verve et une fine raillerie ». Et d’ajouter : « Il est presque impossible de fixer le nombre de dessins publiés par cet artiste, très original, sans méchanceté, qui eut le rare mérite d’amuser ses contemporains, sans pour cela éveiller leur moindre susceptibilité. Son œuvre est très disséminée, en raison même de la fécondité de son auteur, à la fois dessinateur de la Bibliothèque rose de Hachette, illustrateur et auteur humoristique des Contes de ma mère, de Pierre l’irrésolu, de La Vigne, journaliste au Soir et au Paris-Journal, écrivain physiologique, historique et même scientifique dans Jean le paresseux, Les Plages de France(…). C’est par milliers que Bertall a fourni des dessins humoristiques, d’actualité, des allégories. Ses revues du mois à L’Illustration, à La Semaine, au Journal pour rire sont d’un esprit caustique, bien en rapport avec les faits que l’artiste critiquait».

BERTEAULT Louis. Actif : 1891-1910

Pont Alexandre III, exposition universelle à Paris en 1900
Pont Alexandre III, exposition universelle à Paris en 1900
Né à Genève, Louis Berteault fait partie des collaborateurs réguliers de L’Illustration entre 1891 et 1910. Il réalise notamment de nombreuses compositions sur le thème de l’exposition universelle de 1900, tout comme en 1891 il avait rendu compte par l’image de celle de Chicago (18 juillet 1891) et de "L’exposition française de Moscou" (17 janvier 1891). Dans les années 1909-1910, il expose au Salon des indépendants, après avoir accroché ses toiles au Salon d’Automne en 1907.

Dates de naissance et de décès non connues.

BEST Jean (1808-1879) Graveur sur bois

Siège de L’Illustration rue Saint Georges, gravure de Best d'après un dessin d' Henry Valentin
Siège de L’Illustration rue Saint Georges, gravure de Best d'après un dessin d' Henry Valentin
Graveur sur bois, né à Toul, Jean Best a travaillé avec Andrew et Leloir. Lors de la fondation du Magasin pittoresque en 1833, c’est cette équipe qui a été chargée de l’illustration. Bien qu’il en soit devenu le directeur, Best suivra Edouard Charton parti fonder L’Illustration en 1843, avec Paulin et Dubochet. C’est lui notamment qui a gravé le dessin d’Henry Valentin représentant le bureau de rédaction de L’Illustration, publié dans le numéro du 2 mars 1844. On retrouve sa signature tout au long des années 1850. Il a également collaboré au Musée des familles.

BIGOT Georges (1860-1927) Actif : 1902-1905

Le peintre et dessinateur Georges Bigot, né en 1860, a été formé aux Beaux arts par le peintre Jean-Léon Gérôme. Après avoir travaillé pour La vie moderne, entre 1880 et 1882, il entreprend un long voyage - séjour de plusieurs années au Japon. Georges Bigot s’initie à la langue du pays, ce qui lui permet de proposer sa collaboration à des publications nippones, en même temps qu’il décroche un poste de professeur de dessin à Tokyo. Il publie des centaines de gravures sur la vie quotidienne des Japonais et il évoque le passage du Japon féodal au Japon moderne.

Entre 1887 et 1890, il se lance dans l’aventure de la presse en éditant le journal satirique Tobac, doublé d’un Tobac sport et de La vie japonaise. En 1894, lors de la guerre entre le Japon et la Chine, il se fait reporter dessinateur pour la revue anglaise The Graphic. Dix ans plus tard, alors qu’il est rentré en France, il retournera en Orient afin de couvrir pour L’Illustration la guerre russo-japonaise de 1904-1905. Sa signature figurait toutefois déjà dans le magazine en 1902. Hormis son expérience japonaise, Georges Bigot a collaboré à plus d’une quinzaine de titres, dont Le Journal pour tous, Le Monde illustré, La vie moderne ou Le journal des voyages.

BINET Adolphe (1854-1897) Actif : 1880-1890

Adolphe Binet, dessinateur et peintre, est né à La Rivière-Saint-Sauveur, dans le Calvados. Venu à Paris, il s’est formé auprès de Gérôme et il a exposé ses œuvres dans divers salons à Paris, Dresde et Berlin. Il signe des dessins dans L’Illustration dans les années 1880-1890. Il est décédé à Saint-Aubin-de-Quillebeuf en 1897.
L'atelier des tailleurs du Bon Marché, dessin de Binet, 1889
L'atelier des tailleurs du Bon Marché, dessin de Binet, 1889

BLANCHARD Pharamond (27/02/1805-19/12/1873) Actif : 1843-1873

Lyonnais d’origine, Henri Pierre Léon Pharamond Blanchard est né dans le quartier de La Guillotière. Il a commencé par une carrière de peintre de décors, sous l’autorité du baron Taylor, après avoir suivi une formation artistique à l’Ecole des Beaux-Arts où il fut l’élève du baron Gros. En 1833, après un premier voyage en Espagne, il y retourna en compagnie de ce dernier pour travailler, en tant qu’illustrateur, au Voyage pittoresque en Espagne. Cinq ans plus tard, il accompagne le prince de Joinville, fils de Louis Philippe Ier, un artiste amateur de talent, dans un voyage au Mexique. Il est membre d’une expédition officielle, dirigée par le vice-amiral Baudin. Revenu en France, Pharamond Blanchard réalisera une série d’œuvre sur le thème de la prise de Vera-Cruz, parmi lesquelles trois seront exposées au Salon de 1840. Inspiré par ce séjour, il donnera deux toiles à thème historique, Fernando Cortez (1845) et Nunez de Balboa, découvrant la mer du sud (1855). D’autres voyages jalonneront sa carrière, à la découverte de la côte nord-est de l’Amérique du sud, puis à travers l’Afrique du nord. Constantinople sera aussi une de ses destinations, d’où il rapportera un récit illustré de son voyage, paru en 1855.

Blanchard, qui avait fait ses débuts dès 1834 en exposant au Salon, est entré à L’Illustration, dès les toutes premières années. A l’hebdomadaire illustré, il a donné de nombreuses scènes de voyages, des paysages, qu’il a ramenés de ses expéditions à travers le monde. Il sait aussi manier la plume et rédige souvenirs et impressions qui viendront compléter l’image. Pendant trois ans, il séjourne en Russie, d’où il enverra des dessins sur les fêtes de Saint-Pétersbourg, en l’honneur du couronnement du nouveau tsar. De la capitale impériale, il passera au Caucase. De quoi alimenter L’Illustration en dessins nombreux assurant pour le lecteur un dépaysement total. Parallèlement à sa collaboration avec L’Illustration, il continuera d’exposer ses œuvres picturales aux différents salons, jusqu’en 1865. Dans les dernières années, il affiche une prédilection pour le thème mexicain, après l’épisode malheureux de l’archiduc Maximilien, qui avait été soutenu par Napoléon III.

BLARD Roger Actif : 1942

Roger Blard a illustré de 7 dessins un article de Lucie Hirigoyen, dédié à la mode, "Automne 1942, élégances d’après-midi", publié le 24 octobre 1942.

BODMER Karl (1809-1893) Actif : 1859-1886

Karl Bodmer est un peintre et graveur suisse, né à Riesbach. Après un séjour aux Etats-Unis, il fait partie en 1843 d’un voyage d’études conduit par le naturaliste allemand Neuwied. Une occasion pour lui d’exercer son talent d’illustrateur de la nature. Après s’être installé en France et fait naturaliser, il dessine et grave pour différents journaux, dont L’Art, Le Magasin pittoresque, Le Monde Illustré et L’illustration. En même temps, il s’adonne à la peinture et expose dans différents salons, en France et à l’étranger. Sa collaboration à L’Illustration débute en 1859 et elle sera régulière jusqu’en 1875, avant de devenir plus épisodique. L’Illustration (23 janvier 1886) qui a publié en 1885 plusieurs de ses gravures en pleine page, évoque son parcours, à propos d’une exposition qui lui est alors consacrée à la Galerie des artistes modernes : « Les lecteurs de L’Illustration se souviennent des études d’après nature d’une fidélité si rare et d’une poésie si naïve qui retraçaient l’histoire à peu près complète des hôtes de la forêt. Elles étaient signées d’un nom devant lequel tous les amis sincères de la nature s’inclinaient avec respect : Karl Bodmer. La vie du vieux maître de la forêt ressemble à une légende. Après avoir vécu avec les indiens du nord-ouest, en héros de Fenimore Cooper, Karl Bodmer fut un des premier qui avec Millet, Rousseau, Barye, Jaque s’installèrent dès 1840 dans la forêt de Fontainebleau et y vécurent dans l’intimité de la grande nature C’est sous les gigantesques futaies du Bas Bréau, au milieu des gorges sauvages d’Apremont, que Karl Bodmer a peint ses plus belles pages (…). Aujourd’hui, le maître est devenu vieux et cependant le pinceau ni le burin ne sont pas tombés de ses mains. Toujours levé avec l’aube, on peut le rencontrer dans les sentiers de la forêt ou le voir assis dans son atelier, terminant d’anciennes études ou complétant des ébauches qui lui rappellent les plus belles heures de sa vie ».

L’Illustration ne pouvait pas ne pas lui rendre hommage, après son décès. C’est ce qu’elle fait le 11 novembre 1893 : « La plupart de ces compositions, les lecteurs de L’Illustration les connaissent. De 1859 à 1875, ils ont vu se succéder de temps à autre, par pièces séparées, par séries, toutes ces jolies pages où Bodmer, avec une entente merveilleuse du décor, avec une science d’animalier incomparable, a reproduit les drames sanglants, les gracieuses et touchantes idylles dont la forêt, chaque jour est le théâtre. C’est dans L’Illustration également qu’en 1871 et 1872 ont paru, accompagnées d’un texte de Théophile Gautier, les vingt planches où Bodmer, avec une magistrale largeur, a reproduit sous le titre de « Nature chez elle, tous les grands aspects de la campagne ».

Karl Bodmer est décédé le 30 octobre 1893, à Barbizon, où il s’était installé un demi-siècle plus tôt.

BOMBLED Louis-Charles (06/07/1862-09/10/1927) Actif : 1880-1895

Louis-Charles Bombled, né à Chantilly, est le fils d’un peintre d’origine hollandaise, Karel Bombled. Formé par Luminir, il se distingue à l’exposition universelle de 1900, à Paris, en décrochant une médaille d’or. Illustrateur de nombreux livres, dont les romans de Paul d’Ivoi (la série des Lavarède) ou de Walter Scott (Quentin Durward, Ivanohé), il s’est surtout fait connaître en mettant son talent au service de l’idée de "Revanche". Les petits écoliers français ont eu entre les mains les albums Je serai soldat ou L’alphabet militaire. Il a aussi illustré L’histoire de France de Jules Michelet. Tout en donnant des dessins à La caricature, au Chat noir, au Journal pour rire ou au Journal amusant, il ne dédaigne pas la presse réputée sérieuse : dans les années 1880-1890, on retrouve sa signature dans Le monde Illustré et dans L’Illustration, avant qu’il ne fasse les beaux jours du supplément illustré du Petit Journal. Pour ce dernier titre, il a composé nombre de ces fameuses images qui ornaient la une, oscillant entre faits divers et grands événements nationaux ou internationaux. Dans L’Illustration, il donne en 1888 (n°2.350) un grand dessin sur « Les préparatifs militaires de l’Autriche ». Dans le numéro du 9 juillet 1892, il dessine "L’expédition du lieutenant Mizon, les cavaliers foulahnis". Le 16 juillet, sur une double page, il fixe "La revue du 14 juillet, le défilé de l’artillerie".

Charles-Louis Bombled est décédé à Pierrefonds, dans l’Oise.

BOUCHOR Joseph-Félix (15/09/1853-27/10/1937) Actif : 1914-1918

Né à Paris, Joseph Félix Bouchor est le fils d’un médecin qui officia à l’Ile-Maurice. Après avoir été attiré par la marine, il a été élève de Benjamin Constant aux Beaux-Arts. La première exposition de ses toiles remonte à 1878, avec le Salon des artistes français. Artiste à la production abondante, il était aussi membre de la Société des aquarellistes français et ses tableaux sont exposés dans tous les grands salons de peinture (Cercle Volney, cercle de l’Union artistique) ainsi que dans les grandes galeries parisiennes. On le retrouve aux expositions universelles de 1889 et 1900 où il décroche plusieurs médailles. Son œuvre balance entre les portraits officiels (les hommes politiques, les présidents de la république, les souverains ou les grands chefs militaires de la guerre de 1914-1918), et les paysages.

La Bretagne, ses couleurs, ses paysages, ses marchés, avec la vie des Bretons et des Bigoudènes sont des thèmes récurrents dans ses toiles. Passionné par les voyages et sans doute mû par la volonté de découvrir de nouveaux paysages, il avait été un grand voyageur. L’Egypte, l’Algérie ou le Maroc ont contribué à le rapprocher des grands peintres orientalistes. Il était donc naturel qu’il illustrât plusieurs livres consacrés au royaume chérifien : Le Maroc, rédigé par les frères Tharaud, ou Marrakech dans les palmes d’André Chevrillon. Dans le Dictionnaire des contemporains (Tome I, édition de 1939), on évoque ainsi Bouchor : « Orientaliste de premier plan (il a peint le Maroc avec une vérité que peu d’artistes ont su rendre), Bouchor s’est aussi classé comme l’un des meilleurs peintres de l’Italie et de la Bretagne. Son art classique, simple et très lumineux, est fait d’exactitude et de finesse, ce qui donne a ses œuvres, en dehors de leur valeur picturale d’une noble tenue, un intérêt documentaire des plus justes. Ses scènes de la vie marocaine sont de ce point de vue très caractéristiques. Bouchor est l’un des coloristes les plus féconds que l’on connaisse ».

Dès 1900, il est fait chevalier de la Légion d’honneur, onze ans avant d’être promu officier. Pendant la Grande guerre, qu’il effectue dans la réserve de l’armée territoriale, comme peintre du Musée de l’armée, il devient un des peintres officiels des états-majors et L’Illustration reproduit plusieurs de ses tableaux. Bouchor, qui aurait demandé à être affecté en première ligne, s’intéresse à la vie des soldats : « L’élève du très littéraire Jules Lefebvre passe alors des collines de Fès et des couleurs chaudes du Maroc aux humides forêts de l’Argonne où s’engluaient les poilus ». En 1915, dans le numéro du 5 juin, sont reproduites deux de ses œuvres :"Le général Sarrail observant une action entre Argonne et Meuse", et "Présentation aux troupe d’un drapeau pris aux Allemands". Félix Bouchor a également publié une vingtaine d’ouvrages : Marrakech dans les palmes, Souvenirs de la grande guerre, Venise, Rome, La Bretagne. Une partie de ses tableaux orientalistes est conservée au Musée de Noyon, tandis que la partie bretonne de son œuvre est visible au Musée de Vannes. Dans les deux cas, il s’agit de donations faites par l’artiste en 1936, un an avant sa disparition.

BOURGAIN C. Actif : 1882-1893

Bourgain dessine dans les colonnes de L’Illustration dans les années 1880. En même temps, il est aussi reporter. Lorsque des soulèvements éclatent en Egypte, il est envoyé de spécial de L’Illustration. Il en rapportera de nombreux dessins et une série d’articles sur la question, publiés dans plusieurs numéros en août 1882. En mai 1883, on le retrouve à Saint-Petersbourg pour les cérémonies du sacre de l’empereur Alexandre III. Le numéro de Noël 1889 lui réserve une page en couleur pour son "Coiffeur à bord". En 1893, il illustre un article sur la marine nationale avec un dessin en pleine page, "À bord d’un navire de guerre" (22 juillet).

Dates de naissance et de décès non connues.

BRAYER Yves (18/11/1907-29/05/1990) Actif : 1942

Le peintre Yves Brayer, né à Versailles, a publié en 1942 un article sur "Cordes, Tolède du Tarn", accompagné de 6 de ses peintures en couleur. Très jeune, Brayer est un artiste qui affirme sa personnalité, « montrant dans tous ses ouvrages volontairement construits, le souci du modernisme contrôlé par les exemples de la tradition ». Fortement marqué par un premier voyage qu’il accomplit en Espagne en 1927, il décroche le Grand prix de Rome en 1930, point de départ d’un long séjour en Italie. Il en rapportera une série de paysages animés, de gouaches et de monotypes. Dès son retour, en 1934, il organise une exposition à la galerie Charpentier. En 1938, il présente, dans le même lieu, des toiles sur Venise, Vérone et Padoue. En 1940, séduit par le pays albigeois, il s’installe à Cordes, dans laquelle il voit «La Tolède du Tarn». Il travaillera ensuite en Provence, en Camargue en Italie et en Espagne, « pays dont il sait exprimer le poésie et la lumière ».
Yves Brayer a réalisé des maquettes de décors et de costumes pour des ballets à l’Opéra et à l’Opéra Comique. On lui doit aussi des décorations murales et des cartons pour la tapisserie d’Aubusson. Il a illustré des livres de Claudel, de Montherlant ou de Cendrars. Professeur à l'académie de la Grande Chaumière pendant cinquante ans, il a été aussi vice-président du Salon d'automne et conservateur du Musée Marmottan à Paris. Enfin, il a été élu en 1957 à l’académie des Beaux arts, où il a succédé à Charles Fouqueray.

BRENET Albert (1903-2005) Actif : 1940-1944

Albert Brenet est un peintre né près du Havre. Très jeune, il dessine déjà des bateaux. Elève des Beaux-Arts à Paris au début des années 1920, il décide de s’embarquer pour sept mois à bord du Bonchamp, un des trois derniers voiliers de commerce du Havre, qui met le cap sur les Antilles. Il sillonne ensuite les mers et océans du monde, à bord de différents navires, sur lesquels il réalise des croquis, des peintures à l'huile, des gouaches. Il représente les navires, les ports, sans oublier la vie des équipages.

Auteur prolifique, il est également connu pour ses affiches, notamment pour les grandes compagnies transatlantiques. Il couvre ainsi le lancement et la traversée inaugurale du paquebot Normandie en 1935 et du France en 1961. Albert Brenet est nommé Peintre de la Marine en 1936. Il sera également le premier à avoir été peintre de la Marine, peintre de l'Air (1936) et peintre de l'Armée (de Terre) (1959). Les spécialistes le considèrent, avec Marin-Marie qu'il rencontre en 1931, et Roger Chapelet, comme l'un des trois grands peintres de marine français du XXe siècle. A son propos, le Musée de la marine écrit : «Chacune des oeuvres d'Albert Brenet est une démonstration magistrale de la suprématie du peintre, dès lors qu'il s'agit de témoigner, de restituer l'exceptionnel ou le quotidien. Doté d'une solide culture maritime, d'un sens aigu de l'observation et d'un remarquable esprit de synthèse, Brenet n'a pas son pareil pour capter l'essence d'une scène. Collaborateur de L'Illustration, Brenet appartient à l'ultime génération des peintres reporters. Il a saisi un demi-siècle de marine, ses riches heures comme ses peines ».

En 1942, il donne trois peintures pour illustrer l’article de Georges Briquet sur "Le collège national d’Antibes" (8 août). Exceptionnellement, elles ne portent pas sur la marine. De même, en 1943, il illustre de 6 gouaches un article de Paul-Emile Cadilhac, consacré à "La cathédrale du Rouergue" (30 janvier). Le 27 févier, il illustre le texte de Suzanne Rouer-Guillet sur "La Saintonge". Toujours en 1943, 7 de ses gouaches viennent rehausser l’article de Robert Chenevier sur "Les chevaliers du rail" (17 juillet). Le 14 novembre, trois de ses gouaches accompagnent l’évocation par Pierre Cottard de "Ce que furent en Normandie la fête des moissons et la fête des métiers". On retrouve ses gouaches en 1944 à trois reprises dans L’Illustration. D’abord, avec des vues de Cahors pour illustrer l’article "Dans la capitale du Quercy "(22/29 avril). Ensuite une composition sur une double page évoque "Le ciel de Paris, vu du centre de la capitale, dans la nuit du 20 au 21 avril 1944" (3/10 juin). Enfin, ses 8 gouaches illustrent l’article dédié aux "Sapeurs-pompiers de Paris" (1/8 juillet). Après guerre, il a réalisé plusieurs couvertures pour France Illustration, notamment pour les numéros dédiés au salon de l'automobile. Albert Brenet est décédé en 2005, à l’âge de 102 ans.

BRENOT Raymond Pierre Laurent (08/07/1913-08/05/1998) Actif 1942

Né à Paris, Raymond Pierre Laurent Brenot entre en 1928, à l'école Estienne, dont il ressortira en 1931. L’année suivante, il poursuit sa formation de dessinateur avec Hertenberger, ancien élève de Gérôme et Dewambez, qui ne manque pas de remarquer les dons d'observation et la précision du coup de crayon de l’élève. Dans les années 1936 à 1950, ses « années mode », son audace et son talent, font de lui un styliste pour les plus grandes marques parisiennes : Fashionable, Dior, Balmain, Nina Ricci, Lanvin, Saint-Laurent font appel à lui. Fashionable, grand tailleur pour hommes et femmes, où il passera neuf ans de sa vie, lui demande de créer sa ligne de costumes pour hommes. Sur sa lancée, il réalisera de nombreux dessins de mode pour les autres grands couturiers et modistes, ainsi que des portraits de vedettes, comme Arletty et de nombreuses femmes du monde.
Il est alors sollicité par des revues de mode ou de prestige comme France-Élite, Votre Beauté, Plaisir de France - Images de France, Prestige de Paris, Formes et Couleurs, Plaire, La Vie Heureuse, Vogue et L’Illustration. La signature de Brenot y apparaît en 1942, d’abord avec une série de 13 dessins couleur illustrant un article de M. Bourdet-Pléville, "Qu’est-ce que la Comédie française ?" Brénot y a représenté quelques-uns des grands noms de la maison de Molière à cette date (7 février 1942). Il illustre ensuite un article de Roger Baschet, "Quand les Parisiennes ont froid !"(28 février). Toujours en 1942, il réalise une série de 16 aquarelles qui accompagnent l’article de Maurice Bex, "A l’Opéra, échos d’autrefois, images d’aujourd’hui" (19 décembre). On y entrevoit, entre autres, Germaine Lubin dans "Le chevalier à la rose", "Mlle Chauviré, danseuse étoile" ou encore "Serge Lifar, premier danseur étoile et maître de ballet". Les grands ténors ne sont pas oubliés, avec José de Trévi dans "Palestrina", Camille Rouquetty ou encore M. Jouatte.

De 1944 à 1966, il devient l’un des grands affichistes français, d’abord pour le spectacle et le cinéma. Il réalise des affiches pour Paris Line, le spectacle de Line Renaud, pour la Comédie Caumartin, et pour le Lido. Il créé aussi des publicités pour de grandes marques comme la Vittelloise, le chocolat Poulain, mais aussi pour Chantel, Lustucru, le Rouge Baiser, Bourgeois. C’est lui qui va transposer la pin-up, née aux Etats-Unis, dans la culture française, où elle devient l’un des symboles de l’après guerre, avec la faim de plaisirs, après des années de privations, pour cause de guerre et d’occupation. Brenot trouve son inspiration dans la Parisienne « bien fichue » qu’il déclinera par centaines dans toutes les positions et toutes les tenues.

Au milieu des années 1960, les photographes supplantent presque totalement les dessinateurs dans la publicité, ce qui pousse Brenot à se consacrer essentiellement à la peinture. Le succès est encore au rendez-vous : en 1966, il obtient la médaille d'or au Salon des Artistes Français et en 1986 la médaille d'honneur de la ville de Moscou. Il expose en permanence au Salon d'Automne, à la Société Nationale des Beaux-Arts, et aux Peintres Témoins de leur Temps, au Grand Palais, autant d’expositions qui lui vaudront la médaille d’honneur. Albert Brenot a été par ailleurs membre d'honneur et vice-président du Syndicat National des Peintres et Illustrateurs. Il est décédé à Loches. En 1996, une grande rétrospective lui avait été consacrée à La Bibliothèque Forney, à Paris, à l’occasion de la sortie du livre Brenot Affichiste, publié par L’agence culturelle de Paris.

BRESSLER Henri. Actif : 1887

Henri Bressler est un dessinateur et graveur suisse dont l’atelier se trouvait à Genève. Il a travaillé pour le libraire et imprimeur Firmin Didot et il a réalisé des affiches pour Le Bon Marché en 1900. Bressler a collaboré épisodiquement à L’Illustration. Dans le numéro du 1er janvier 1887, on trouve une "Descente dans la cordillère des Andes". Son fils Emile Bressler (1886-1966) a été lui aussi peintre et graphiste.

Dates de naissance et de décès non connues.

BROCA Alexis de (1868-1948) Actif : 1914-1918

Originaire de Nantes, Alexis de Broca s’était lié d’amitié avec Félix Pommier, dessinateur talentueux en même temps que conservateur du Musée des Beaux-Arts de Nantes. Les deux hommes ont d’ailleurs été à l’origine de la création en 1884 d’une association de peintres de la région nantaise, Le Clou. Les paysages sont alors un des thèmes de prédilection du peintre. Pendant la grande guerre, L’Illustration lui ouvre ses pages en reproduisant quelques-unes de ses compostions : "La bonne rencontre" (1915) ou "A l’hôpital, la partie d’échecs". Dans l’ouvrage consacré au Peintres de L’Illustration pendant la guerre de 1914-1918, on évoque « les conversions plus étonnantes de paysagistes alanguis ou émerveillés comme Alexis de Broca qui peindra des hôpitaux et des tombes ».

Alexis de Broca est décédé en 1948. Il avait un fils, photographe à Nantes, père du futur cinéaste Philippe de Broca.

BROUX D. Actif : 1888

D. Broux a signé quelques dessins publiés dans L’Illustration, notamment en mai 1888, à propos du travail des ouvriers verriers. Dates de naissance et de décès non connues.

BRUN Abel. Actif : 1879-1894

D’abord spécialisé dans les paysages des villes, Abel Brun a illustré des romans de Cooper, dont Le Pilote en 1884. On retrouve aussi ses dessins dans Napoléon le petit de Victor Hugo ou dans l’Art d’être grand-père, du même auteur. Dans la presse, sa signature apparaît dans L’Ecolier illustré, Le Magasin pittoresque ou L’Illustration. Un de ses dessins les plus connus est celui de la toute première "machine volante de M. Ader", la fameuse Eole, publié dans le numéro du 20 juin 1891 : « Personne n’a rien vu, personne ne sait rien, mais L’Illustration a des amis partout. L’un d’eux se trouvait à la chasse, aux environs de Paris, lorsqu’à travers le feuillage, il aperçut une chose de forme étrange, ayant l’aspect d’un énorme oiseau de couleur bleuâtre ». L’avion était né. Abel Brun a également fait partie des dessinateurs chargés par Lucien Marc de traduire par l’image les différentes facettes de l’exposition universelle de 1889. En 1891, il dessine "L’escadre française à Cronstadt" (1er juillet), alors qu’un rapprochement entre la France et la Russie commence à s’ébaucher. Le 27 août 1892, L’Illustration fait à nouveau appel à lui pour illustrer par 5 dessins, dont un en pleine page, l’article de Hacks, "Le pilote".

Dates de naissance et de décès non connues.

BRUYER Georges (1883-1962) Actif : 1914-1918

Georges Bruyer est à la fois illustrateur, peintre et graveur. Il a su manier aussi bien la gravure, que le burin, l’eau forte, l’aquatinte, voire la gravure sur bois. Avant la Première Guerre mondiale, il s’était déjà fait connaître par ses dessins humoristiques publiés par la célèbre Assiette au beurre ou par Le Rire. Durant la Grande guerre, sa carrière prend un tournant, avec ses gravures qui illustrent le conflit et que l’on ne s’étonnera pas de retrouver dans L’Illustration. Dans Les peintres de la grande guerre, on peut lire que « Toute une série de peintres et de graveurs connus pour l’intelligence et la saisie profonde de l’esprit des auteurs qu’ils illustraient, surent traduire le climat particulier, non seulement des combats, mais de l’envers et des entractes de la bataille : ainsi Georges Bruyer ne retrouva peut-être pas la Bruyère ou Molière, mais sûrement Shakespeare dans les héros de La Marne ».
Titulaire de plusieurs décorations, entre les palmes académiques et la Légion d’honneur, Georges Bruyer a été aussi distingué par la Médaille d’honneur du Salon des artistes français et il a été sociétaire du Salon d’automne. Il s’est, par ailleurs, beaucoup investi dans l‘organisation du Salon d’Asnières, la ville dans laquelle il repose. Georges Bruyer a mis son talent au service de grands écrivains, tels que Clément Marot, Shakespeare, Molière ou Maupassant (1930) dont il a illustré les œuvres complètes. De même, on retrouve sa signature dans Contes et légendes celtiques (1913) et dans Contes et légendes slaves.

BURNAND Eugène (30/08/1850-04/02/1921) Actif : 1878-1921

A la fois peintre et graveur, Eugène Burnand est né au château de Billens, à Moudon, dans le canton de Vaud. Son père était colonel, inspecteur forestier. Il a d’abord étudié l’architecture à l’école polytechnique de Zürich, de 1868 à 1871 puis la peinture sous la direction de Barthélémy Menn et de Ferdinand Hodler, à Genève. En 1872, après avoir intégré l’école nationale des Beaux-arts de Paris, il entre dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme, tandis que Paul Girardet, dans son atelier de Versailles, l’initie à la gravure. Installé dans la capitale, il y fréquente les peintres du mouvement naturaliste, comme Pascal Dagnan-Bouveret, qui donnera des œuvres à L’Illustration, ou Jules Bastien-Lepage. Tout en séjournant régulièrement dans son pays natal, il voyage à l’étranger, notamment à Florence ou à Rome. En juillet 1877, il épouse à Versailles Julie Girardet, une aquarelliste, la fille du maître graveur. Adepte de la gravure, Burnand participe à l’illustration de divers ouvrages, parmi lesquels François le Champi de George Sand, Mireille de Frédéric Mistral et les Contes du lundi d’Alphonse Daudet. Aux expositions universelles de Paris, en 1889 et en 1900, il décroche des médailles d’or.

Tantôt graveur, tantôt dessinateur, il devient un collaborateur attitré de L’Illustration à partir de 1878 et il le restera jusqu’en 1921, tout en travaillant pour Le Tour du monde. Dans le numéro du 7 août 1886, figure un dessin d’après nature de Burnand, montrant "Les dormeurs au Louvre". En mars 1888 (n°2.353), le magazine publie en pleine page deux de ses dessins sur les usines à gaz, « les chargeurs de cornues » et « le déluteur ». En 1891, il est envoyé spécial de L’Illustration à Andorre pour "L’installation du juge des appellations" (11 et 18 avril 1891). Il a aussi réalisé les illustrations des billets de banque de 500 et 1.000 francs émis par la Banque nationale suisse, entre 1907 et 1912. En 1917, de passage à Marseille puis à Montpellier, il y croque les portraits de soldats alliés des différents continents. En octobre 1919, son atelier parisien de la rue d’Assas est détruit par un incendie. Il trouvera un peu de réconfort avec sa promotion au rang d’officier de la légion d’honneur. Eugène Burnand est décédé à Paris. Quelques semaines plus tard, son épouse devait le suivre dans la tombe. Un musée lui est dédié à Moudon (Suisse) et son tableau le plus célèbre, Les disciples Pierre et Jean courant au Sépulcre, le matin de la résurrection, est exposée au Musée d’Orsay, à Paris.

Jean Paul Perrin