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JAHAN Pierre (09/09/1909-21/02/2003) Actif : 1934-1939

Pierre Jahan, né à Amboise le 9 septembre 1909, a réalisé ses toutes premières photos dès 1915, avec un appareil Brownie Kodak appartenant à sa sœur. Lorsqu’il s’installe à Paris, pendant l’hiver 1932-1933, il a déjà présenté des œuvres dans plusieurs expositions amateurs et concours photographiques entre 1925 et 1930. Dans la capitale, il rencontre l’illustrateur Raymond Gid. Ce dernier, à la tête d’une petite agence indépendante de publicité lui confie sa toute première commande : photographier des peintres en train de travailler à la réfection de la Tour Eiffel, le tout pour une marque de peinture. Séduit par son travail, Gid le fait entrer dans son atelier typographique et publicitaire. Il y apprendra, au passage, la mise en page, la composition et la typographie.

A la même époque, son chemin croise celui d’Emmanuel Sougez, photographe et directeur des services photographiques de L’IIlustration, alors que l’hebdomadaire vient d’inaugurer l’imprimerie de Bobigny. Sougez pousse Pierre Jahan à devenir photographe professionnel. Outre des photos publiées dans L’Illustration, on retrouvera ses images dans la toute nouvelle revue Plaisir de France, lancée en 1934 par Le Rayonnement français, une filiale de L’Illustration. Il en sera un des principaux collaborateurs jusqu’en 1974. A plusieurs reprises, il assumera même la totalité de l’iconographie de certains numéros comme ceux dédiés à l’exposition universelle de Bruxelles en 1958 ou au Liban en 1960. En 1936, il rejoint le groupe de photographes Le Rectangle, initié par Emmanuel Sougez, dans le but d’assurer « en même temps que des productions de premier ordre, la défense et la diffusion de la photographie ». Pierre Jahan devient un habitué des expositions photographiques, aux côtés de Man Ray ou de Willy Ronis. En 1937, L’Illustration lui confie un reportage sur l’exposition universelle de Paris.
Exposition universelle à Paris en 1937 : les fontaines du Trocadéro
Exposition universelle à Paris en 1937 : les fontaines du Trocadéro

Exposition universelle à Paris en 1937 : pavillon de l'URSS
Exposition universelle à Paris en 1937 : pavillon de l'URSS
A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Jahan, sans délaisser la photographie, s’adonne au dessin et à la peinture. Sous l’Occupation, il réalise un reportage photographique sur les écrivains du Palais Royal, à Paris. Au total, L’Illustration publiera 23 de ses photographies en 1940 et 1941. Entre 1941 et 1944, il prend une série de vues clandestines sur l’Occupation de Paris et sur l’enlèvement des statues de bronze par les Allemands, afin de les refondre. Elle servira de base à la publication d’un ouvrage en 1946, avec l'aide de Jean Cocteau. Il poursuit, par ailleurs, sa collaboration à Plaisir de France devenue Images de France, .

A la libération, le Musée du Louvre lui confie, avec Raymond Gid, la réalisation d’une grande exposition dédiée au retour des chefs d’œuvre évacués en province, au début de la guerre. Pour le ministère de l’information, il réalise une série de portraits d’artistes, de musiciens et d’écrivains : Pablo Picasso, Georges Braque, Francis Poulenc, Georges Auric, Paul Valéry, Colette ou Jean Cocteau défilent devant son objectif. En 1947, il se retrouve à la direction artistique de la revue Messieurs et il fait son entrée à la section photographique de la Société des artistes décorateurs. A l’aube des années 1950, il devient un des membres du Groupe des XV qui compte dans ses rangs des photographes tels que Robert Doisneau, Willy Ronis ou René Jacques. C’est à ce titre qu’il participera à toutes les expositions du groupe et au salon national.

En même temps, Pierre Jahan poursuit ses travaux de photographe publicitaire pour des marques telles que Citroën, Renault, les briquets Dupont, la cristallerie Daum ou la Porcelaine de Paris. Autant d’images que l’on pourra retrouver dans les élégantes pages de publicité de Plaisir de France. Pierre Jahan contribue aussi à l’illustration de nombreux ouvrages littéraires, architecturaux ou encore touristiques. En 1952, il présente la toute première exposition en France de photographies en couleur Kodak. C’est le point de départ d’une série d’expositions qui s’égrèneront de 1952 à 1994 : pas moins de 84 expositions de photographies auxquelles il faut ajouter 9 expositions de peinture.

Jusqu’au soir de sa vie, Pierre Jahan restera un photographe très actif, avec de nombreuses commandes de reportages sur le Liban, l’Espagne, les Pays Bas, l’Allemagne et le style baroque, ou les vieux magasins et cafés de Paris, les hôpitaux de l’Assistance publique. On lui doit aussi plusieurs séries de photos sur les sites de Saclay et de Marcoule, réalisées à la demande du Commissariat à l’énergie atomique. Conscient de la nécessité de protéger les intérêts de ses pairs, il a été en 1952 un des cofondateurs de l’Association nationale des photographes créateurs, avant d’en devenir le secrétaire général puis le président. On le retrouvera aussi à la fondation de la Fédération françaises des associations de photographes créateurs. Pierre Jahan, dont l’une des dernières expositions était consacrée à ses toiles (Peinture d’un imaginaire, présentée en 1990, sous le pseudonyme de La Noiraie) est décédé à Paris, le 21 février 2003, à l’âge de 94 ans.

Dans la notice qui lui est consacrée, sur le site Internet qui lui est dédié, on peut lire que « ses œuvres majeures se situent aussi bien dans le registre d’une photographie naturellement directe et rayonnante que dans les étrangetés d’une veine surréaliste et fantastique, ou dans les fantaisies récréatives que l’esprit frondeur de Pierre Jahan appliquait avec une grande liberté d’idées et de style (…). La longue carrière de Pierre Jahan reflète un comportement indépendant et même épicurien, et une inlassable curiosité à aborder, avec l’ingénuité qu’on lui connaissait toutes les opportunités de produire des images ». Depuis sa disparition, plusieurs expositions lui ont été dédiées ou ont présenté des photographies empruntées à son importante production. On en retrouvera la liste sur le site officiel du photographe. Parmi ces rétrospectives, on peut citer Pierre Jahan (1909-2003) : un photographe au libre cours (Galerie Michèle Chomette, Paris, 2003), Pierre Jahan, humain trop humain, tirages d'époque 1930-1950 (Galerie Michèle Chomette, Paris, 2005), Pierre Jahan rétrospective (Petit Manège, Moscou, 2009).

A consulter : Le site officiel de Pierre Jahan, auquel plusieurs informations figurant dans cet article ont été empruntées : Pierre Jahan, photographe (1909-2003), un homme, une passion, témoin du XXe siècle (http://pierrejahan.free.fr.)
Michel Frizot, Pierre Jahan. Présentation de l’oeuvre de Pierre Jahan (1909-2003) (1 vol. br., 128 p, ill. coul., éd. Actes Sud/Musée Réattu).

Jean Paul Perrin

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