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OUDARD Georges (04/02/1889-21/04/1971) Directeur de France Illustration de 1945 à 1948. Actif à L’Illustration : 1938-1940

On associe le nom de Georges Oudard à la relance de L’Illustration, interdite en 1944, sous le titre à peine transformée de France Illustration, après l’éviction totale des Baschet. Le premier numéro est sorti des presse de Bobigny le 6 octobre 1945, avec le général de Gaulle à la Une. Georges Oudard n’est toutefois pas un inconnu rue Saint-Georges puisqu’il a déjà collaboré à l’hebdomadaire avant la Seconde Guerre mondiale.

Né à Paris, il effectue des études à la faculté des Lettres de Paris, avant d’obtenir une licence et de poursuivre à l’Ecole du Louvre. Il devient journaliste après avoir participé à la Grande guerre. Dès 1925, il collabore au Nouveau Siècle, le quotidien fondé par Georges Valois. En 1931, il donne à l’hebdomadaire Je Suis partout une enquête sur "Ce que coûte la S.D.N.", publiée sur quatre numéros, du 28 novembre au 19 décembre. L’année suivante, il signe à nouveau un article intitulé "La question du corridor de Dantzig vue de Varsovie" (28 mai 1932).

A la même époque, Georges Oudard écrit divers ouvrages historiques : Pierre le Grand, Vie de Law, Vieille Amérique, Cecil Rhodes, Croix gammée sur l’Europe centrale (1938). Il est aussi l’auteur d’un livre de souvenirs, Ma jeunesse. Sa signature apparaît dans L’Illustration des 21 mai et 4 juin 1938 : « La Hongrie millénaire est-elle encore libre ? », s’interroge-t-il dans un article en deux volets. Le 10 décembre 1938, l’hebdomadaire publie un entretien qu’il a eu avec Cornélius Codreanu, le chef de la Garde de fer roumaine. En février 1939, il pose la question du "Progrès hitlérien en 1939 : poussée vers l’Ukraine ou soutien de l’Italie ?" La même année, alors que la menace de guerre se précise, il est bon de faire savoir que « La Suisse peut se défendre » (22 juillet 1939). Ses derniers articles dans L’Illustration paraissent au printemps 1940 : ils ont pour thème "L’armée yougoslave" (4 mai), "L’armée bulgare" (1er juin) et "L’armée roumaine", publié le 8 juin dans l’ultime numéro qui sera diffusé, avant la débâcle.

Sous l’Occupation, il participe à la Résistance, ce qui lui vaut la Croix de guerre 1939-1945 et la Légion d’honneur, ainsi que la rosette de la Résistance. Il est également le cofondateur de La France intérieure qui paraît, d’abord clandestinement, de 1944 à 1952. A la Libération, il est nommé directeur de France Illustration, à charge de relancer la publication, dans un format et avec une maquette qui ne sont que le clone de L’Illustration. Sans parvenir a retrouver les tirages et le lustre d’avant guerre, il assume la direction jusqu’en 1948, année où il transmet le relais à Gilbert Cahen-Salvador.

Georges Oudard est également membre de l’Assemblée consultative provisoire, au titre de représentant de l’Alliance démocratique. Elu conseiller de l’Union française par l’Assemblée nationale, il préside le groupe d’Union française et d’action sociale (UFAS), la nouvelle dénomination que prendra le groupe du RPF, le mouvement politique fondé par le général de Gaulle. Georges Oudard siège aussi dans les instances patronales, avec la présidence de l’Union syndicale de la presse périodique, de 1947 à 1954. Dans son Dictionnaire de la Politique française (Tome II), Henry Coston écrit : « Bien que sa biographie officielle commence en 1942, il semble bien que Georges Oudard ait eu une activité avant la guerre. Mais la chronique ne le dit pas. Il serait donc sorti tout armé de la cuisse de la résistance », ironise le polémiste d’extrême droite qui relève que son nom « figure au palmarès de l’action clandestine comme fondateur de La France Intérieure et membre du Conseil national de la Résistance ». En fait, il semble bien que sa nomination à la tête de France Illustration doive beaucoup à sa proximité avec les milieux gaullistes : du Parti démocrate, Oudard passera à l’Union gaulliste, puis au RPF, avant les Républicains sociaux, pour finir à l’UNR. C’est en qualité qu’il siége à l’Assemblée de l’Union française de 1947 à 1958, où il préside le groupe gaulliste, avant de se retrouver au Conseil économique et social de 1962 à 1969.

Dans son Dictionnaire déjà cité, Henry Coston note que « son dévouement envers le général De gaulle et ses ressentiments à l’endroit des pétainistes, le poussèrent bien souvent à des excès regrettables. C’est ainsi qu’il intervient en 1959 contre l’écrivain Paul Morand (alors candidat à l’Académie française, ndlr). Juvénal, l’hebdomadaire de la gauche patriote, publie à ce propos ces lignes, dans son numéro du 22 mai 1959 : « L’affaire Morand a fait couler beaucoup d’encre mais rien ne fut aussi violent de ce qui fut écrit contre l’écrivain qu’un article du gaulliste Georges Oudard. Or les amis de Morand répondent en faisant circuler dans Paris un document dans lequel ils prétendent que M. Oudard, auquel ils reconnaissent en effet une fidélité gaulliste qui date de 1940, dut à cette époque d’être libéré à Marseille, après une arrestation, grâce à l’intervention personnelle du général Laure (proche du maréchal Pétain, ndlr). Et ils précisent que le Georges Oudard gaulliste ne fait qu’une seule et même personne avec le Georges Oudard qui appartint à la rédaction du journal Le légionnaire. Il reste cependant que M. Oudard appartint en 1944 à la Commission d’épuration du Ministère des affaires étrangères et qu’il eut à juger du cas Paul Morand et que, visiblement, il continue à instruire cette affaire ».

Durant la guerre d’Algérie, il publie en février 1960, dans le Journal du Parlement un article véhément dans lequel il s’en prend à « De tristes sires », stigmatisant le comportement des partisans de l’Algérie française.

Jean Paul Perrin